Le constat

Au sein de notre République une et indivisible, les Outremers occupent une place singulière liée à leur histoire et à leur éloignement. Alors qu’un très fort sentiment d’appartenance à la nation et qu’un lien indéfectible les unit à l’hexagone, les Ultramarins ont le sentiment d’être isolés, voire oubliés de leurs compatriotes de métropole. Le phénomène s’est accentué au cours des dernières années.

Mesurée à travers l’Indice de développement humain, la dynamique de rattrapage avec l’Hexagone est en panne depuis le début des années 2000, notamment en matière d’éducation et de santé. La crise du COVID a ainsi durement frappé les ultra-marins qui a probablement encore plus souffert de l’incurie de l’Etat que la métropole.

2022 doit être l’occasion d’une alternance qui verra un Etat investir franchement dans les DOM COM et surtout prendre conscience que les territoires ultra-marins sont un atout considérable pour notre pays.

La France ne doit plus en effet être réduite au dessin d’un hexagone étriqué de 550 000 Km2, quand la réalité est celle d’un pays archipélagique de plus de 11 millions de Km2 sur les deux hémisphères, avec 500 îles sur tous les océans. L’erreur géographique de représenter la France comme la simple extrémité occidentale de la masse eurasiatique entraîne la carence stratégique d’aujourd’hui. On parle ainsi du couple franco‐allemand, de l’économie allemande… Mais la France a 30 pays voisins dans le monde. Ils s’appellent par exemple, en Nouvelle Calédonie et en Terre Adélie, l’Australie, en Guyane le Brésil, à Clipperton le Mexique ou à St Pierre et Miquelon le Canada. Enlevons nos œillères et protégeons enfon notre territoire !

C’est à ce titre que nous nous opposons aux forces centrifuges si dangereuses pour notre nation et aux projets d’indépendance agités par des minorités agressives, notamment en Nouvelle-Calédonie.

C’est à ce titre que les richesses des outre-mer (leurs espaces maritimes, leurs richesses naturelles, leur culture…) sont des leviers qui doivent permettre de dépasser les handicaps géographiques et qu’il faut s’appuyer sur les secteurs productifs et touristiques pour développer l’emploi.

Notre projet propose de mettre en place la continuité territoriale, de valoriser l’ensemble des Outremers et d’accomplir un effort considérable en matière d’emploi, d’éducation et de santé.

Des situations économiques, sociales et institutionnelles contrastées mais des retards de développement liés à une problématique commune : l’isolement.

L’impasse dans laquelle se trouvent aujourd’hui les territoires français d’Outre-mer est à l’image de leur double isolement vis-à-vis de l’Hexagone et de leur environnement régional qui les prive de s’inscrire pleinement dans les échanges commerciaux nationaux et européens. Leur intégration économique dans leur environnement régional est faible du fait de la petite taille de leurs marchés – elles ne favorisent pas les économies d’échelle et la compétitivité des entreprises – et de la nécessité de les protéger de la concurrence des pays voisins, inégale sur le plan social et fiscal.

Alors que la croissance des transferts publics qui accompagnait l’objectif de l’égalité sociale s’est épuisée et n’est plus un moteur pour le développement économique et social, sortir de l’isolement devient pour les départements d’Outre-mer un enjeu aussi prégnant que pour les collectivités d’outre-mer et confronte de nouveaux les DOM COM à des choix politiques et stratégiques concernant leur avenir.

Pour sortir de l’isolement, les Ultramarins doivent porter le projet de tirer leur environnement régional vers le haut

L’impasse de l’isolement nourrit progressivement et insidieusement le sentiment que la citoyenneté française piège les Ultramarins en les empêchant de se développer dans leur environnement régional.

Il convient de s’appuyer sur les atouts que procure l’appartenance à la France et à l’Europe pour développer la coopération et les échanges avec les pays voisins.

Dans cette perspective, l’enjeu pour les DOM COM est de renforcer simultanément l’intégration régionale et l’intégration à l’ensemble national et européen, à partir de deux leviers : la construction d’une véritable continuité territoriale avec l’Hexagone et un investissement massif dans la valorisation des océans que nous partageons avec les pays voisins de nos départements et collectivités d’Outre-mer. La mise en œuvre d’une véritable continuité territoriale doit permettre une libre circulation des biens et des personnes entre l’Hexagone et l’Outre-mer. Il s’agit de mettre en concurrence les transporteurs et de compenser de manière pérenne et pour tous le handicap de la distance.

L’investissement dans la valorisation des océans doit permettre de faire émerger les filières d’avenir qui répondront aux besoins nouveaux en énergie, en nourriture et en médicaments accompagnant la croissance démographique mondiale et le vieillissement de la population. Il y a aussi un enjeu majeur pour la France : se donner un projet alternatif à la construction de l’Union européenne actuelle dans laquelle notre pays est enlisé. Dans cette perspective, faire connaitre et reconnaitre l’Outre-mer français, améliorer et promouvoir son image, sont aussi des objectifs primordiaux.

Du point de vue des départements et des collectivités d’outre-mer, l’enjeu de la poursuite du rattrapage économique et social exige de rompre l’isolement qui résulte de l’éloignement d’avec l’Hexagone et de la différence de modèle politique, économique et social qui les distingue de leur environnement régional. Du point de vue national, valoriser le potentiel humain et le patrimoine naturel et maritime des départements et des collectivités d’outre-mer est un enjeu essentiel pour relever les défis posés au plan mondial par la croissance démographique et le vieillissement de la population. La réponse à ces deux enjeux passe par un nouveau projet pour l’Outre-mer, articulé autour de cinq objectifs stratégiques :

  • Valoriser la place de l’Outre-mer dans l’ensemble national,
  • Déployer une véritable continuité territoriale avec l’Hexagone
  • Rattraper les retards éducatifs et sanitaires,
  • Engager et favoriser les investissements structurants pour l’avenir, l’activité et l’emploi,
  • Sécuriser et développer les relations et le partenariat avec l’environnement régional

Nos 23 mesures

Valoriser la place de l’Outre-mer dans l’ensemble national

  1. Pérenniser le ministère de la Mer et des Outre-mer
    • pour renforcer la visibilité, la préservation et le rayonnement de ces territoires et en faire le pivot de la politique nationale de valorisation économique, écologique et technologique des océans. Symboliquement, celui ou celle qui en aura la charge obtiendra le titre de « Ministre d’État » – ce ne fut jamais le cas pour cette administration – , qui assure une prééminence protocolaire, après le Premier ministre, par rapport aux autres membres du gouvernement, marquant ainsi son importance.
  2. Définir et en mettre en œuvre une stratégie nationale de promotion des atouts des Outre-mer, pour développer l’économie de la mer, le tourisme, l’agriculture, et déployer une véritable continuité territoriale avec l’Hexagone.
  3. Inscrire dans le cahier des charges des chaînes de télévisions nationales publiques, un nombre d’heures obligatoires d’émissions aux heures de grande écoute, visant à améliorer la connaissance par la communauté nationale de l’Outre-mer.
  4. Augmenter dans les programmes scolaires la part des enseignements consacrés à l’Histoire et à la géographie des départements et des collectivités d’Outre-mer.
  5. Inclure les prévisions météorologiques des DOM COM dans toutes les météos des chaînes nationales

Déployer une véritable continuité territoriale avec l’Hexagone

  1. Améliorer la continuité territoriale en divisant par deux le prix des billets d’avion et plus largement le coût du transport entre l’Outre-mer et l’Hexagone, dans les deux sens et pour tous les ultra-marins
    • Les aides au voyage proposées par L’Agence De l’Outre-Mer pour la Mobilité (LADOM) sont positives, mais restent insuffisantes * ladom.fr. Afin de parvenir à une réduction substantielle des coûts de transport, le dispositif déjà appliqué pour la Corse sera étendu à l’Outre-Mer. Il s’agit d’une juste égalité de traitement entre tous les territoires insulaires ou éloignés de l’Hexagone. Cette dotation ne sera pas figée. Elle sera amenée à évoluer en fonction du trafic et des efforts consentis par les compagnies aériennes et maritimes sur le plan des tarifs
  2. Réformer l’octroi de mer
    • Le conserver quand il y a des productions locales.
    • Le remplacer par une TVA pour les produits importés de l’Hexagone et de l’Union européenne ne concurrençant pas la production locale, pour stimuler la concurrence et faire baisser les prix. Cette TVA sera intégralement reversée aux Collectivités.
  3. Favoriser la concurrence dans la distribution afin de lutter contre la vie chère.

Lancer des plans de rattrapage aux niveaux éducatifs et sanitaires

  1. Remettre à niveau les réseaux d’eau potable et mettre en œuvre une vraie politique d’assainissement
  2. Engager un plan de construction et de rénovation des écoles primaires en partenariat avec les communes.
  3. Renforcer l’apprentissage du Français et les moyens de lutte contre l’illettrisme dans le cadre d’un partenariat rénové entre l’Education nationale et les structures de l’Education populaire, pour renforcer l’accompagnement des enfants en difficulté à l’école et dans leur milieu familial.
  4. Définir et mettre en œuvre, en lien avec les collectivités locales, un plan de rattrapage de l’encadrement médical pour atteindre les ratios hexagonaux
  5. Augmenter le nombre de places offertes par le service militaire adapté.

Engager et favoriser les investissements structurants pour l’avenir, l’activité et l’emploi

  1. Concentrer et renforcer la défiscalisation pour les investissements réalisés outre-mer
    • dans les secteurs d’avenir ou moteurs en matière de développement économique et de création d’emplois : le logement (social, intermédiaire et libre), les technologies de l’information et de la communication (renforcement des réseaux et créations de logiciels), le tourisme (construction et rénovation de chambres, équipements productifs), les énergies renouvelables, la pêche, la recherche-développement privée visant à valoriser la biodiversité marine.
  2. Déployer un plan public d’installation de panneaux photovoltaïques sur l’ensemble des bâtiments et équipements publics, en lien avec les collectivités territoriales
  3. Créer un fonds en faveur des investissements touristiques des communes souhaitant développer des équipements favorisant le développement touristique (création et aménagement de zones d’activités à vocation touristique…).
  4. Doter la marine nationale des moyens nécessaires à la surveillance des zones économiques exclusives et à l’arraisonnement des pirates.
  5. Augmenter la surface des Aires Marines Protégées (AMP)
    • cette source de beautés et de richesses doit être préservée et étudiée. C’est une nécessité écologique et économique, dont la fin est le développement durable d’activités. Couvrant d’ores et déjà 23,5% des eaux françaises, il faut en augmenter encore l’étendue et en renforcer le niveau de protection. mer.gouv.fr
  6. Engager un programme national de recherche-développement publique visant à identifier les gisements de création de richesse à partir de la biodiversité marine et à définir des objectifs et des plans de valorisation public-privé.

Sécuriser et développer les relations et le partenariat avec l’environnement régional

  1. Renforcer le contrôle aux frontières, notamment en Guyane et à Mayotte, en vue d’améliorer la lutte contre l’immigration illégale et les trafics de stupéfiant comme de minerais en Guyane.
  2. Obtenir la reconnaissance par les Comores de la souveraineté française sur Mayotte et la participation de Mayotte aux instances de la Commission de l’océan Indien (COI).
  3. Participer la mise en place d’un Erasmus indianocéanique
    • avec l’ensemble des partenaires de la COI (Madagascar, l’Union des Comores, les Seychelles), dont la France fait partie (pour la Réunion et demain pour Mayotte). L’ambition de ce projet est de faire dialoguer des populations de territoires liés par l’histoire et les échanges économiques, en créant un pôle régional d’excellence.
  4. Définir et déployer en partenariat avec les pays limitrophe
    • Des programmes de protection et de prévention des fléaux sanitaires (un par bassin),
    • Des programmes de développement et de valorisation de la Francophonie (un par bassin),
    • Des programmes de protection et de valorisation mutuelle des ressources halieutiques et de la biodiversité marine (un par bassin)