Aide à mourir : les rares députés présents ont voté le 20 Mai les cinq conditions cumulatives pour qu’un malade soit éligible :
Le droit sera accordé aux majeurs, français ou résidents, s’ils sont atteints d’une» « affection grave et incurable » en « phase avancée ou « terminale », s’ils présentent « une souffrance physique ou psychologique », et s’ils sont en capacité de manifester leur volonté de façon libre et éclairée.
L’examen s’est fini ce samedi 24 Mai
Le vote sur l’ensemble du texte est prévu le mardi 27 Mai.
Le sens des mots :
Affection grave et incurable : incurable signifie : qui ne peut être guéri et non pas : qui ne peut être soigné. Ainsi, comme le dit justement le Pr Juvin, une insuffisance rénale chronique, le Sida sont des maladies incurables, qui pourtant ont un traitement et pour lesquelles les patients seront éligibles.
Phase avancée : la HAS a rendu son avis le 6 Mai 2025 : il est impossible de définir objectivement, cela dépend de paramètres individuels potentiellement modifiables et évolutifs.
La « Loi sur la fin de vie » est devenue la Loi relative au droit à l’aide à mourir, et pourtant les mots euthanasie et suicide assisté ne sont pas écrits et donc ils sont non assumés ; or c’est bien de cela dont il s’agit.
Il n’est jamais question de « fin de vie » mais de « mettre fin à la vie » avec une créativité notoire et une permissivité inédite. En France, on veut être les meilleurs avec la loi la plus permissive au monde et en ayant la prétention de ne pas aller vers des abus et catastrophes. Quel orgueil !
Le mensonge allait même jusqu’à écrire « mort naturelle » sur le certificat de décès, ce qui reviendrait à écrire un mensonge notoire dans une Loi ; on commence à s’habituer avec « tous vaccinés, tous protégés » ; heureusement, de justesse, cet amendement n’est pas passé vendredi 23 mai
Le mot mort n’est que très peu employé ; c’est à pas feutrés que se prépare l’administration de la mort.
On peut manipuler le sens des mots et travestir la réalité pour imposer une idéologie, quitte à défaire le réel.
Inversion des valeurs :
La lutte contre le suicide en France a mobilisé beaucoup les énergies et l’incitation au suicide est jusque là un délit passible de prison et d’amende.
Si la Loi est votée, le paradigme est inverse : c’est le délit d’entrave qui va à l’encontre de notre éthique de soignants qui sera puni ! Tout le travail de prévention des années durant est réduit à néant. Les politiques sont-ils conscients de ces incohérences ? Entendons nous l’appel des psychiatres ? https://appeldespsy.org
Derrière les mots de compassion , de fraternité, d’humanité , de progrès humaniste , de dignité , de liberté, d’aide , que de trahisons idéologiques , de rupture éthique , de confusion que le législateur a bien su utiliser , jusqu’à faire passer cette mort provoquée dans le champ des soins , une thérapie parmi d’autres et faire classer les « victimes » comme les appelle Mme Vautrin, dans les Eligibles ?
Dans ces temps de confusion, de mots trahis, d’incertitude et de peur, le choc émotionnel provoqué par certaines souffrances nous fera alors pousser la seringue de compassion et d’humanité et rétablir ainsi la peine de mort. Nos élus hors sol ont la clé pour ouvrir la porte interdite, et certains comptent même l’enfoncer.
Ce serait pour notre société une rupture anthropologique qui la ferait devenir une société consumériste et individualiste qui contrôlera tout du début à la fin de vie.
Mais, donner la mort, ne sera jamais un soin.
Et cette Loi nous montre à quel point nous sommes dans un constat d’échec dramatique concernant la prise en charge de la santé dans notre pays.
Plus de 20 Départements ne sont pas encore pourvus d’Unité de Soins Palliatifs en France, qui était pourtant une obligation de la Loi Claeys-Léonetti de 2016. Cette Loi n’est donc pas appliquée.
Ces lieux « de vie » j’ose le dire, où tout est mis en œuvre pour rajouter non pas des jours à la vie mais de la vie aux jours, de lutter contre la douleur physique, psychique, morale ; et qui prend en charge toute la famille.
Ils offrent une prise en charge individualisée car chaque cas est particulier, chacun à une façon unique de souffrir, chacun à son histoire, ses fragilités et ses forces décuplées parfois par la maladie.
On est dans l’impuissance totale pour appliquer cette Loi, mais au-delà même pour prendre en charge correctement nos malades, pour soigner ; comme le fait remarquer Pr P. Juvin , on aura accès à l’euthanasie beaucoup plus facilement et rapidement qu’à une consultation anti-douleur.
Une loi de liberté ? Quand le choix se limite à souffrir ou mourir
Nous vivons une paupérisation de notre système de santé et médico-social dramatique avec un manque de soins allant de l’hygiène le plus basique jusqu’aux soins d’accompagnement, ce qui peut faire peser une pression supplémentaire sur les personnes qui se culpabilisent d’être encore là et une charge pour leur famille et la société.
Ces lieux de compassion risquent fort de disparaitre avec cette loi ? Ils coûtent cher alors que l’euthanasie sera beaucoup plus abordable.
Et la dignité : Ce mot a été revendiqué par les partisans de l’euthanasie qui en ont transformé la définition.
Car la dignité d’une personne est inaliénable, elle ne se mesure ni à l’autonomie, ni à l’apparence, ni au « à quoi je sers ». Un malade conserve sa dignité pleine et entière ; une vie abimée et souffrante aujourd’hui, une vie improductive et coûteuse demain ?
Plusieurs témoignages circulent nous montrant la beauté de la vie, même diminuée, fragile si la personne est entourée, accompagnée, aimée. Ces malades témoignent de la violence de cette loi, pour eux, pour les familles, pour les soignants, pour les bénévoles nombreux et engagés.
Même en fin de vie, il y a encore de la vie : Louis Bouffard
Oui, on meurt mal en France, mais par manque de moyens pour soigner et prendre soin, par abandon, par indifférence, par rentabilité.
Notre société ne donne plus les moyens de vivre mais se mobilise pour donner ceux de mourir ; elle parle de liberté mais elle pousse les plus vulnérables à avoir l’obligeance de s’effacer ; sous prétexte de liberté individuelle, allons nous sombrer dans l’utilitarisme le plus affreux ?
Allons- nous accepter l’injustice qui consisterait à qualifier la mort de soin ? Ce qui constituerait une rupture sociale et anthropologique majeure ?
575 juristes expriment leurs inquiétudes : et rappellent le caractère irremplaçable et précieux de chaque vie humaine, comment cela va changer la perception que la société a du médecin et comment ce geste médical va devenir mortifère.
La proposition de loi ne vise en réalité qu’à répondre à une pression idéologique utilitariste de « donner la mort » mais pas à la souffrance en fin de vie.
Ce besoin de cette loi est un immense aveu d’échec de notre société à soigner correctement, c’est-à-dire à être disponible pour écouter les souffrances, à s’engager dans des soins de qualité, et donc avec des moyens.
La Loi Claeys Léonetti, très subtile, non enseignée, très mal appliquée, répond à ces situations par un très bon dosage entre la lutte contre l’acharnement et la lutte contre l’euthanasie. Commençons par l’appliquer !
Notre modèle de civilisation tient au vote de 114 députés sur 577 qui nous ouvrent le chemin de la mort …et vont décider de ce changement civilisationnel qui nous emmène vers une « culture de mort ». Ils représentent plus qu’eux-mêmes : entendent ils les inquiétudes et les voix qui s’élèvent ? Nous sommes tous embarqués et liés les uns aux autres .
Serment d’Hippocrate : « Je ferai tout pour soulager les souffrances ..Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. »
« A la fin du chemin sur la terre, les hommes n’ont pas besoin d’une seringue froide qui vienne donner la mort. Ils ont besoin d’une main compatissante et aimante .Mourir dans la dignité, c’est mourir aimé .Tout le reste est mensonge. »
Cardinal Robert Sarah
En écrivant ces lignes, j’ai une pensée pour des malades que je connais, en particulier atteints de la maladie de Charcot suite aux injections, et qui font ce choix : je ne les juge bien sûr pas du tout.