Il est toujours déroutant d’assister à ces retournements successifs dont nos politiques ont été coutumiers au cours de ces deux derniers quinquennats si réussis. Leur enthousiasme et leur fière prise de position en faveur notamment du démantèlement de 14 réacteurs nucléaires avec les conséquences que l’on connait, montre à l’envie combien ces décisions furent intelligentes. Un magnifique rétropédalage s’en est suivi peu de temps après et cela avec aucune chance de réparer les dégâts occasionnés par ces décisions stupides qui plaisaient tant aux Verts. Comment ne pas penser à la vente d’Alstom puis son rachat avec au passage la perte de ses brevets restés propriété américaine, c’est un peu comme dire au paysan “donnes-moi ta vache, je te vendrai son lait“.
Ce qui nous est présenté aujourd’hui comme de simples bévues, est maintenant devenu coutumier.
Comment ne pas applaudir à l’invitation faite aux chercheurs (en particulier américains) à rejoindre les rangs de leurs collègues européens alors que les meilleurs de ces derniers nous quittent ou sont sur le point de quitter notre pays pour des cieux où leur talent est reconnu et rémunéré à sa juste valeur. On peut ainsi citer l’un de nos récent prix Nobel désormais en Chine, là où un institut a été mis à sa disposition accompagné de conditions de vie sans rapport aucun avec ce qu’il pouvait attendre ici.
La guerre russo-ukrainienne a été aussi un prétexte pour le Conseil du CERN dont la France est Etat-Hôte et l’un des principaux contributeurs, d’en chasser les physiciens russes travaillant sur des expériences auprès desquelles leur présence était indispensable et gratuite. Même aux pires moments de la Guerre froide, les physiciens russes étaient les bienvenus au CERN et en France. Le CEA lui-même entretenait des expériences et des équipes en URSS notamment à Serpukov. C’est le CERN qui avec Georges Charpak a obtenu de l’Union Soviétique la libération de Sakharov. Il est donc curieux que l’on ait l’ambition d’attirer les chercheurs américains en Europe alors que ces mêmes américains mieux rémunérés chez eux que chez nous, recueillent les physiciens russes que nous-mêmes, avons chassés!
Un chercheur n’est pas un employé comme les autres, comme un peintre en bâtiment n’est pas forcément un peintre de talent dont les œuvres orneront un jour nos musées. Nos politiques et leur bureaucratie envahissante croient aujourd’hui pouvoir recruter les nouveaux talents sur la base de petites ou grandes annonces ainsi qu’à partir de dossiers triés par un logiciel, c’est oublier que les vrais chercheurs sont le plus souvent recrutés par leurs pairs et non par une machine ou un quelconque Mc Kinsey. Il suffit de rappeler comment le futur prix Nobel Emilio Ségré conseilla à Enrico Fermi de faire venir Ettore Majorana pour comprendre comment fonctionne la recherche qui trouve.
Un vieux proverbe dit que l’on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Il semble que nos Mozart de la politique et de la finance ne le connaissent pas. Décidément peut-être faudra-t-il un jour les remplacer par de vrais politiques blanchis sous le harnais et soucieux des intérêts de notre pays plutôt que de leur ambition personnelle à l’image du Président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan
. La recherche est une chose trop sérieuse pour être confiée à l’Administration fut-elle issue de Sciences-Po ou de l’ENA.