Ce nouvel adage devrait s’appliquer à la recherche française.
Ce 5 mai, Emmanuel Macron, accompagné de Madame von der Leyen, lance un appel à “la grande communauté de la Recherche”, à l’image de la dernière grande messe dédiée à l’IA de début février 2025.
Le 17 avril, une plateforme affublée du nom “Choose France for Science” était lancée pour préparer l’accueil des chercheurs internationaux.
On peut y lire que “la France s’engage pour faire rempart face aux attaques que subissent les libertés académiques dans le monde”.
Si une poignée de chercheurs, pour motifs idéologiques, ont dit qu’ils fuiraient les États-Unis à la suite de l’arrivée de Donald Trump, la réaction épidermique des premiers jours s’est éteinte. On voit mal des chercheurs américains venir ici pour s’aligner aux salaires locaux acceptés par nos scientifiques patriotes, qui ont, eux, choisi de ne pas émigrer pour exercer chez eux, en France.
C’est ainsi, de facto, dévaloriser nos organismes de recherche. C’est glisser insidieusement dans un mécanisme anglo-saxon, sachant que la France a sa propre histoire des sciences et une culture alternative scientifique, d’enseignement et de méthodes.
Espérons que la recherche publique ne se sépare pas en deux mondes : celui des chercheurs locaux et celui des stars américaines, public visé par l’événement, payées plus, positionnées comme patrons, ce qui serait une injustice épouvantable pour nos scientifiques français qui mettent des décennies à progresser dans la lourdeur de l’avancement hiérarchique académique.
Est-ce un gage opportuniste pour attirer les milliards à investir des pays du Golfe en devenant un “hôtel à chercheurs” ?
Lors du sommet sur l’IA justement, c’est une mise de 30 à 50 milliards qui était avancée par les Émirats arabes unis pour, principalement, construire leur datacenter sur notre territoire.
En avril, l’Arabie saoudite annonçait être prête à investir 150 milliards de dollars dans les startups d’IA, dont européennes.
Comment réagir à ce tourbillon qui déplace le barycentre du vieux monde occidental vers l’Asie et, ici, le Moyen-Orient ?
Est-il aussi visé de miroiter de meilleures places dans le classement de Shanghai ? La France doit-elle jouer ce jeu ?
Le monde scientifique est-il devenu une foire aux bestiaux pour des financements étrangers en France, de forces extérieures qui prendraient la direction du secteur de la recherche, dans l’Union européenne, avec leurs propres dogmes et intérêts imposés à nos institutions ?
Il y a un émerveillement quasiment morbide à partager ses découvertes dans un universalisme béat…
Il est admis qu’une startup qui gagne, d’ailleurs souvent issue des laboratoires publics justement, c’est une startup “licornisable”, proie idéale dans l’œuf, picousée de soutiens et de fonds publics pour que des tiers étrangers en tirent les bénéfices, ou une petite poignée d’entrepreneurs aliénés au système.
Scientifiques, chercheurs, patrons de R&D de grands groupes, battez-vous ! Soyez patriotes ! Ne soyez pas les traîtres indirects d’un déclassement de notre nation.
Tout ceci est létal, à l’ordre d’une décennie, pour la France dans l’accélération de cette vente à la découpe de nos laboratoires.
Bientôt, nos talents français, le cerveau déformé à la doxa mondialiste, travailleront sur notre sol directement pour le seul bénéfice de puissances du Moyen-Orient. Nous deviendrons alors une véritable “colonie numérique”, un tiers-monde du cerveau, jusqu’à ce que notre source soit tarie, tarée même ! Pauvre France !
Lionel MAZURIÉ
Vice-Président de Debout la France