Nicolas DUPONT-AIGNAN est intervenu à l’Assemblée Nationale ce mardi 30 janvier, au titre des non-inscrits, en réponse au discours de politique générale de Gabriel ATTAL.
Il a expliqué pourquoi, malheureusement, Gabriel ATTAL est condamné à parler dans le vide. Le vrai pouvoir étant à l’Élysée d’un côté, et à Bruxelles de l’autre.
Retrouvez ci-dessous l’intégralité de son discours.
« Je n’ai pas vu un Premier Ministre mais un Porte-parole.
Si le Premier Ministre est à l’Elysée, le vrai Président est à Bruxelles, c’est von der Leyen. »
Réponse de Nicolas DUPONT-AIGNAN au discours de politique générale de Gabriel ATTAL
Assemblée Nationale, mardi 30 janvier 2024
Seul le prononcé fait foi.
Madame la Présidente,
Monsieur le Premier Ministre,
Chers collègues,
Vous entrez dans le livre des records, non pas parce que vous êtes le plus jeune Premier Ministre, mais parce que vous êtes le nouveau Premier Ministre du Président de tous les tristes records.
- Record d’endettement avec 788 milliards supplémentaires depuis 2017 ;
- Record de déficit commercial avec 164 milliards en 2022 ;
- Record de déficit budgétaire depuis 2020 avec 172,1 milliards d’euros ;
- Record d’immigration avec en 2023, 320 000 premiers titres de séjour, 2 fois plus qu’il y a 20 ans, et 145 000 premières demandes d’asile ;
- Record d’insécurité avec +63% de coups et blessures depuis 2017.
Et bien sûr record d’impopularité, car on ne peut pas éternellement confondre présidence de la République et agence de com’.
Vous devez vivre dans le même monde parallèle qu’Emmanuel Macron pour avoir osé cet après-midi qualifier son bilan de « concret, tangible et solide ».
Je comprends mieux pourquoi Emmanuel Macron vous a choisi.
J’attendais un Premier Ministre, j’ai découvert un Porte-parole.
Un seul discours aura donc suffi pour comprendre que votre nomination ne changera rien et cela pour deux raisons.
La première, c’est que le Président est le vrai Premier Ministre comme sa conférence de presse l’a démontré.
Comment allez-vous conforter les classes moyennes, alors qu’avant même ce discours de politique générale, Emmanuel Macron a annoncé l’augmentation des franchises sur les médicaments et Bruno Le Maire l’augmentation du tarif de l’électricité ?
Dans un autre domaine, celui de l’Éducation nationale, comment allez-vous pouvoir répondre à toutes les demandes de l’Élysée (cours de théâtre, cours de sport, instruction civique) vis-à-vis des élèves qui ont besoin avant tout d’apprendre à lire, écrire et compter ?
En matière de sécurité, comment allez-vous faire baisser la délinquance en conservant une politique judiciaire profondément laxiste et en étant fier de laisser détricoter une loi sur l’immigration qui était déjà bien insuffisante ?
Enfin, dans le domaine du logement, vous ne manquez pas de culot pour annoncer un « choc de l’offre », alors que depuis 2017 vous avez systématiquement saboté tous les mécanismes d’aide au logement.
La seconde raison pour laquelle vous êtes condamné à parler dans le vide est que, si le Premier Ministre est à l’Élysée, le vrai Président est malheureusement à Bruxelles, c’est Madame von der Leyen.
Preuve en est, la Commission européenne vient d’annoncer que les négociations avec le Mercosur continuaient, infligeant un nouveau camouflet à l’Élysée qui prétendait qu’elles étaient stoppées.
De même, au moment où vous tentiez d’éteindre l’incendie agricole, en tenant un discours sur une botte de foin, les députés européens renaissance, après avoir déjà approuvé la nouvelle PAC et ses jachères, votaient en faveur de l’accord de libre-échange avec le Chili, après ceux de la Nouvelle-Zélande, du Kenya, du Vietnam.
Enfin, vous avez préféré donner des gages au gouvernement allemand plutôt que de baisser le tarif de l’électricité en sortant du marché européen comme l’ont fait l’Espagne et le Portugal.
Pour faire oublier vos doubles discours successifs, vous êtes condamné à multiplier les effets d’annonce.
Avant-hier l’éducation était au-dessus de tout, hier c’était l’agriculture, aujourd’hui c’est le travail.
En définitive, vous me faites penser à ces jongleurs d’assiettes qui, dans les cirques, sont obligés d’en ajouter toujours plus pour tenir en haleine le public jusqu’au jour où patatra elles se brisent.
Ce moment est proche, car les Français ne supportent plus les fausses promesses, les injonctions contradictoires, le manque de sérieux et de maturité dans la conduite de l’État.
Sans majorité dans cet hémicycle, vous serez obligé, comme votre prédécesseur, de multiplier les 49.3.
Et plus tôt une motion de censure nous libérera de cette mauvaise pièce de théâtre pour, avec de nouvelles élections législatives, permettre au peuple d’arbitrer, et plus vite la souffrance des Français, et la vôtre, Monsieur le Premier Ministre, seront abrégées.