Au lendemain des annonces d’Agnès Buzyn face à la crise des urgences, les mesures présentées ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux, en particulier la souffrance des personnels soignants confrontés à une situation intenable.
Bien sûr, les pistes de réorganisation à moyen et long terme sont consensuelles, mais qui peut croire que les problèmes rencontrés par les urgences pourront être réglés par un nouveau service téléphonique ? Mme Buzyn montre une nouvelle fois qu’elle est prisonnière d’une logique technocratique qui oublie que le système de santé soigne des femmes, des hommes et des enfants, pas des numéros. Des parents affolés par une fièvre soudaine de leur enfant viendront toujours aux urgences sans passer par un énième numéro de téléphone !
En réalité, les moyens financiers alloués par le gouvernement sont finalement très faibles par rapport à la crise que traversent les urgences. Pire, aucune mesure concrète ne répond aux difficultés immédiates des personnels soignants, dont la rémunération et les conditions de travail sont indignes des services qu’ils rendent à la société.
Tout d’abord, le plan de 750 millions d’euros annoncé avec fracas consiste en fait à 250 millions d’euros en moyenne par an à partir de 2020 seulement. En dehors de la création de 50 maisons médicales de garde, aucune mesure immédiate ne vient compléter les maigres engagements de 70 millions d’euros pris en juin dernier pour accorder une prime de 100 euros nets mensuels.
L’essentiel des crédits se concentreront vers des mesures techniques et non l’amélioration directe des effectifs soignants et des conditions de travail. Ainsi, près de la moitié de l’enveloppe annoncée par Mme Buzyn, 340 millions d’euros, ira à la création du Service téléphonique d’Accès aux Soins. D’après le Parisien, le deuxième poste de dépenses, 175 millions d’euros, sera consacré à la prise en charge des personnes âgées, ne sera effectif qu’en 2024. Ne restent donc que 250 millions sur 3 ans, soit 80 millions d’euros par an en moyenne, un chiffre d’ailleurs assez proche des mesures de juin 2019 pour un montant de 70 millions d’euros.
Enfin, il faut mettre ce plan en rapport avec les dépenses publiques de santé en France. Alors que l’augmentation annuelle de l’Objectif National de Dépenses de l’Assurance Maladie (ONDAM) a été portée avec raison à 2.5% au lieu de 2.3% pour correspondre aux réels besoins des Français et des changements de démographie, les dépenses ont atteint environ 195 milliards d’euros en 2018, dont 80 milliards d’euros pour l’hôpital. En 2016, les urgences avaient un budget de seulement 3.1 milliards d’euros.
On comprend bien que le plan de Mme Buzyn est dérisoire et que les Urgences restent le parent pauvre du système de soin français malgré son importance cruciale.
Debout la France soutient donc les revendications immédiates des personnels soignants pour augmenter les effectifs, ouvrir des lits et améliorer les conditions de travail, en particulier une rémunération des professionnels à la mesure de la pénibilité de leur métier. L’augmentation de 300 euros nets par mois des personnels paramédicaux urgentistes est tout à fait finançable, notamment en poursuivant la réduction des dépenses liées aux médicaments inutiles ou trop chers.
Seule la revalorisation immédiate des rémunérations et conditions de travail pourra rendre les métiers à nouveau attractifs pour pourvoir à la fois les postes vacants mais aussi permettre de nouvelles embauches.
Enfin, Debout la France demande la réouverture à court terme des lits fermés dans les principaux services d’urgence saturés mais aussi la réouverture le plus rapidement possible des hôpitaux de proximité fermés ces cinq dernières années.
Debout la France assume le coût supplémentaire de ces mesures. Le chiffrage du projet que nous proposons pour la France a toujours porté la croissance de l’ONDAM à 3% par an, soit une hausse annuelle de plus de 1 milliard d’euros par rapport à la trajectoire actuelle.
Il est irresponsable de faire croire aux Français que notre système de soin peut maintenir son niveau d’excellence sans investir davantage compte tenu de la croissance de la population, du vieillissement et de la hausse continue de l’immigration, le grand tabou de la crise de l’hôpital. En tout état de cause, les personnels soignants des urgences ne doivent plus payer les insuffisances des différents gouvernements par le sacrifice de leur propre santé et de leur rémunération.