La proposition de loi pour la légalisation de l’euthanasie et le suicide assisté était discutée au Parlement le 8 Avril 2021.
Le débat sur la fin de vie et le droit à une fin de vie libre et choisie continue de diviser les Français. Qu’est-ce que mourir dans la dignité ?
Pendant que les soignants se battent dans les services de réanimation pour soigner et sauver des vies, l’État décide de discuter de mort.
Il faut savoir de quoi on parle, car c’est souvent la douleur qui est intolérable et il faut lutter contre cette douleur sans acharnement thérapeutique. La loi Claeys-Léonetti[1] définit bien les droits des malades en fin de vie et les devoir des soignants.
Debout La France veut rendre hommage à tous ceux qui, tous les jours, avec peu de moyens et beaucoup d’abnégation sont auprès de ces personnes en fin de vie, les assistent et les accompagnent ainsi que leur famille.
Plutôt que de grands discours, je donne la parole à l’un d’eux, car rien ne vaut le témoignage d’un soignant confronté à la mort tous les jours.
Merci à Dominick Valck pour ce témoignage :
» Je suis infirmier en Soins Palliatifs depuis 7 ans. Avant d’entrer dans cette unité, j’ai travaillé dans divers services (35 ans dans le même centre hospitalier où j’ai commencé comme brancardier, puis aide-soignant et infirmier depuis 2007). Tout au long de ma carrière, j’ai accompagné des personnes en fin de vie (jeunes atteints du SIDA, personnes âgées, personnes atteintes de cancer), mais j’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose dans ce « prendre soin ». Mais quoi ?
En soins palliatifs, j’ai trouvé ce qu’il me manquait : L’Homme.
Je m’explique :
En soins palliatifs, la prise en charge du patient est différente. Le patient est au cœur du soin. Nous lui donnons sa place d’homme. C’est connaître ses besoins, l’aider à les verbaliser, à exprimer ses peurs.
Le projet de soins s’organise autour de lui et avec lui. C’est avancer avec lui, à son rythme. C’est le faire réfléchir sur ses demandes.
Beaucoup de patients arrivent en soins palliatifs avec des demandes d’euthanasie, parce qu’ils souffrent (souffrance physique et ou psychologique), parce qu’ils ont l’impression qu’ils n’ont plus leur place d’homme. Ont-ils encore une place dans notre société ?
Lors de ces demandes d’euthanasie, nous essayons de voir réellement ce que cache cette demande et au fur et à mesure de sa prise en charge, nous avançons avec lui et ses proches. Ceux-ci ont aussi une place importante dans cette prise en charge.
Souvent, la demande d’euthanasie cache des douleurs insupportables parfois mal prises en charge. Des douleurs psychiques insurmontables peuvent rendre les patients très agités.
En soins palliatifs, aucun patient n’est attaché. Nous mettons en place des traitements pour soulager les différentes douleurs physiques et psychiques. Petit à petit un nouveau dialogue s’instaure avec le patient et l’entourage.
La prise en charge en soins palliatifs n’est pas toujours facile évidemment. Nous ne réussissons pas toujours mais ce que nous savons faire c’est redonner de l’humanité dans le soin. La prise en charge des douleurs, des anxiétés et angoisses permettent à ce que la demande d’euthanasie s’amenuise, voire disparaisse. Si cela est nécessaire, une sédation peut être proposée et préparée auprès du patient et des proches.
Nous remettons en place du dialogue, un dialogue en vérité, entre le malade et ses proches. J’ai vécu de très belles réconciliations : un « Je vous aime » de la part d’un homme de 31 ans à ses parents quelques jours avant de mourir. Nous célébrons des mariages, des baptêmes au sein de l’unité, des anniversaires aussi.
Nous permettons aux personnes de se rapprocher les uns avec les autres.
Cette prise en charge, aussi satisfaisante soit-elle, ne supprime pas la douleur de la future séparation. C’est parfois le temps de la relecture de sa vie. «
A Debout la France, avec Nicolas Dupont-Aignan, nous pensons que ce débat de société sur la fin de vie est nécessaire et peut devenir utile si l’on sait prendre le temps d’écouter des témoignages comme celui de Dominick Valck.
Nous sommes persuadés, en effet, qu’il faut développer ces structures de soins palliatifs, humaines et compatissantes, même si malheureusement elles ne sont pas rentables pour l’hôpital.
À ce niveau, il nous faut lutter contre les inégalités territoriales qui sont des injustices, car beaucoup de Français meurent seuls, non accompagnés et non soulagés.
Il est indispensable d’accompagner les familles, qui, dans ces structures, sont les bienvenues 24 h sur 24 et 7 jours sur 7.
Nous voulons de grands moyens et une grande ambition pour aider ces personnes à finir leur vie dans la dignité, cette dignité que ces soignants savent reconnaitre en chacun de leurs patients.
Les professionnels de santé ont obligation de tout mettre en œuvre pour que les patients aient une fin de vie digne et avec le moins de souffrance possible.
Dominick Valck
Infirmier en soins palliatifs, groupe de réflexion Santé
Véronique Rogez
Déléguée nationale à la santé
- [1] Loi Léonetti du 22 avril 2005 : qui renforce les droits des malades en fin de vie et Loi Claeys- Léonetti du 2 février 2016 qui complète la précédente en introduisant la sédation profonde et continue