« Rédaction épicène », « langage neutre », « langage non sexiste », « langage dégenré », « langage non androcentré » sont autant d’expressions à demi-folles qui désignent sous des angles à peine différents, l’écriture inclusive. L’écriture inclusive est cette expropriation grammaticale du bon sens, de la logique et de l’histoire que les néo-féministes tentent d’imposer à l’ensemble de la société. Pour dire les choses plus simplement, cela consiste à ajouter des points médians et des « e », à chaque fois que c’est possible et ce afin de dérouler avec ostentation son certificat de virginité en matière de misogynie. Par exemple, il est conseillé d’écrire « les étudiant.e.s » plutôt que « les étudiants » pour signaler que le groupe est composé de filles et de garçons et retirer ainsi au masculin sa valeur globalisante.
Mais le féminin seul n’est guère plus conseillé dans cette novlangue et on pourra ainsi évoquer les « protections périodiques des étudiant.e.s », comme l’a récemment fait l’UNEF, afin de n’oublier personne et bien montrer que l’on n’est pas de ceux qui verseraient dans la « transphobie ». Et à propos de « ceux », il est maintenant question de remplacer ce pronom démonstratif, trop masculin pour ne pas être arrogant, par un mélange de « ceux » et « celles » qui donne « celleux ». « Ils » et « elles » se confondent, quant à eux, en « iels ». On pourrait en rire ! Mais les tenants de cette nouvelle façon d’écrire n’ont pas beaucoup d’humour et habillent d’un discours docte les délires névrotiques qui les poussent à vouloir assassiner la langue française. Les théoriciens de l’écriture inclusive incriminent les grammairiens du XVIIe siècle qui seraient d’affreux misogynes ayant accordé la part belle au masculin qui l’emporterait sur le féminin pour des raisons sexistes. C’est, bien entendu, faux.
À cette époque, d’autres types d’accords existaient, comme l’accord de proximité : on pouvait ainsi écrire « Jean et Jeanne sont venuEs » puisque le nom le plus proche du participe imposait son genre. Mais ce type d’accord, déjà minoritaire au XVIIe siècle, a cédé devant la logique qui consiste à considérer l’ensemble du sujet : « Jean et Jeanne sont venus ». C’est donc la logique qui s’est imposée et non le sexisme. Le masculin globalisant n’est pas une volonté sexiste d’imposer l’invisibilisation du féminin, c’est une nécessité logique qui renvoie aux hommes autant qu’aux femmes. Dans le même ordre d’idée, cette écriture, qui veut inclure tout le monde, exclut les mots trop genrés pour être honnêtes. Ainsi, « père » et « mère » seraient devenus obsolètes et on leur substituera un énigmatique « parent 1 » et « parent 2 ». De même, le « lait maternel » se prononce aujourd’hui selon les mêmes recommandations, « lait humain ».
Aussi illogique, stupide et dogmatique soit-elle, l’écriture inclusive gagne du terrain dans les rangs des bien-pensants. Elle fleurit dans les documents administratifs, particulièrement au sein (puis-je encore utiliser cette expression ?) des universités. Et de nombreux enseignants en assurent la promotion, en vantent l’usage et en font un combat personnel. Un professeur de Sciences-Po Paris a même décidé d’encourager ses étudiants à l’utiliser en attribuant d’office un demi-point supplémentaire à tous ceux qui en feraient usage, lors d’un partiel de deuxième année de sociologie.
Dans son roman, 1984, George Orwell montre brillamment comment un régime totalitaire modifie le langage pour contrôler la population, comment les mots peuvent être de puissants instruments d’asservissement. Nous n’en sommes pas si loin.
L’écriture inclusive doit être tout simplement abandonnée. Et les enseignants qui tentent de l’imposer à leurs étudiants doivent être sanctionnés.
Et pour ceux qui voient dans ce bouleversement de la langue un combat qui devrait servir la cause des femmes, je leur en conseille de plus utiles et de plus glorieux. Les causes ne manquent pas ! Pourquoi n’entend-on pas ces néo-féministes fustiger cette indignité qu’est le port du voile pour les fillettes ? Pourquoi ce silence sur le sujet gravissime de l’excision ? Et les certificats de virginité ? Et la lutte contre la polygamie ? Et la dénonciation de ces quartiers où l’invisibilité des femmes est la règle ? Les néo-féministes regardent ailleurs et préfèrent fourbir leurs armes contre le premier qui s’avisera d’oublier un « e » à « professeure » !
A Debout La France, nous avons une autre idée du féminisme. Et la première façon de servir la cause des femmes est de leur assurer la sécurité et la liberté. La liberté d’aller où elles veulent, à l’heure qu’elles souhaitent et dans la tenue qu’elles ont choisie sans risque pour leur sécurité. N’en déplaise aux bien-pensant.e.s !
Olivier Weber
Délégué national à l’Instruction publique