Enfin ! Après des années de déni, la Commission de Bruxelles découvre la réalité de la mondialisation. Jusqu'ici tour d'ivoire de bureaucrates totalement déconnectés de la réalité économique, Bruxelles ouvre aujourd'hui les yeux sur le champ de ruines laissé par son libre-échange débridé. En décidant enfin de taxer les panneaux solaires chinois, Bruxelles se convertit au protectionnisme intelligent.
Ce concept de droits de douane ciblés pour rééquilibrer les échanges commerciaux, je l'ai porté pendant l'élection présidentielle. En 2012 j'ai été le seul candidat à défendre un protectionnisme intelligent pour rétablir une concurrence loyale et protéger nos emplois. Pendant des années, Bruxelles s'est opposé farouchement à toute mesure protectionniste. Pendant que des pays comme la Chine protégeaient leurs marchés, l'Europe laissait les produits chinois inonder le sien. Par la faute de l'Union européenne et de la faiblesse des gouvernements français, la France a perdu presque toutes ses entreprises productrices de panneaux solaires. Notre pays, d'abord pionnier dans ce domaine, a depuis pris un retard technologique considérable.
La décision de Bruxelles s'imposait. Mais alors que l'Europe a déjà perdu la bataille du solaire, n'est-elle pas là pour cacher la forêt ? Tout porte à croire que cette décision est un alibi plutôt qu'un changement de doctrine. Karel de Gucht, le commissaire européen au Commerce extérieur, déclarait il y a encore quelques semaines que "fermer les frontières serait un retour au moyen-âge". En focalisant l'attention sur les panneaux solaires à un an des élections européennes, la Commission de Bruxelles veut faire croire qu'elle a changé.
Je n'en crois pas un mot. Si vraiment la Commission européenne veut protéger les emplois en Europe, il faut qu'elle étende cette politique de protection à tous les secteurs industriels qui souffrent d'une concurrence déloyale. Dès lors qu'un pays ne respecte pas nos normes sociales et environnementales, l'Union européenne doit appliquer des droits de douane pour garantir la loyauté de l'échange. Si l'Union européenne est incapable de prendre ces mesures de bon sens très vite, François Hollande doit prendre ses responsabilités et défendre nos industries. Le protectionnisme intelligent est le seul moyen de sauvegarder nos emplois dans la mondialisation.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République