Transition énergétique : de mauvais moyens pour de bons objectifs

Le gouvernement a donc enfin, par la voix de Ségolène Royal, réussi à présenter son projet de loi « pour la transition énergétique et la croissance verte ». Il aura fallu user pas moins de trois ministres pour que ce projet phare du gouvernement devienne réalité. Ce texte a pour ambition ni plus ni moins que de réduire la consommation finale d'énergie de 50% en 2050, avec également une ambition à moyen terme (2030) de réduire de 30 % la consommation d'énergies fossiles. Ambition très haute qui permettra à notre pays d’assumer toute ses responsabilités dans la lutte contre le réchauffement climatique et la destruction de notre environnement. Ambition salutaire qui, en développant des énergies vertes produites en France, réduira notre facture et notre dépendance énergétique à l’égard de pays étrangers. Songeons un instant que les importations de gaz, d’électricité, ou de pétrole coûtaient à notre pays 69 milliards d’euros en 2012 ! Mais une ambition ne fait pas une politique. Et trois impasses risquent de transformer ce projet de loi en catalogue de bonnes intentions mort-nées.

L’impasse budgétaire. Le coût des différentes mesures visant au développement des véhicules électriques ou à la lutte contre la déperdition énergétique des bâtiments n’est pas chiffré. Comment ce gouvernement qui s’obstine à plonger notre pays dans l’austérité pour satisfaire aux injonctions budgétaires de Bruxelles entend-t-il trouver les dizaines de milliards d’euros nécessaires ? L’impasse industrielle. La volonté de réduire l’impact de l’énergie nucléaire dans notre mix énergétique n’est envisageable qu’à la condition de pouvoir s’appuyer sur une véritable production des énergies renouvelables. Il faut soutenir et protéger une véritable filière française et européenne qui doit être promue et protégée du dumping chinois sous peine de retomber dans ce qu’ont vécu les producteurs français de panneaux photovoltaïques. L’impasse territoriale.

Développer une décentralisation énergétique est une idée salutaire tant que l’on n’oublie pas la diversité des collectivités territoriales. Les mairies et les départements connaissent parfaitement leurs territoires et leurs administrés. Ils sont les mieux placés pour encourager les initiatives individuelles, les expérimenter et les concrétiser à plus grande échelle. Mais le gouvernement, prisonnier de sa logique mortifère à l’égard de ces collectivités les a tout simplement oubliées du projet de loi. Les objectifs de Ségolène Royal sont louables mais les moyens ne suivent pas. L’Etat doit développer une véritable politique industrielle verte grâce à l’instauration d’un protectionnisme intelligent et à des taux à prêt zéro de la banque de France pour les collectivités et les particuliers pour engager avec succès la politique de transition énergétique dont a besoin notre pays.

Jean-Pierre Enjalbert

Maire de Saint-Prix et Conseiller général du Val d’Oise

Délégué national DLR à la transition énergétique