Polynésie, démocratie, peuples autochtones et solidarité (européenne ? francophone?)

En Polynésie française, le leader indépendantiste, Oscar Temaru vient de subir une défaite électorale sans appel, causée notamment par ses velléités indépendantistes. Or il avait manœuvré, avant d’être désavoué pour cette raison par le vote de ses concitoyens, afin que l’Assemblée générale des Nations-Unies se prononce sur la « décolonisation de la Polynésie française ».

Le 17 mai 2013 cette Assemblée générale vient de demander à la France qualifiée de « puissance administrante », de mettre en œuvre un processus d’autodétermination, de coopérer avec le Comité spécial (pour la libération des peuples coloniaux), et d’intensifier son dialogue avec les peuples de Polynésie, déclarés non autonomes… en 1946.

  1. Effectivement, le fait de rappeler la date de 1946, depuis laquelle, selon l’Assemblée générale, rien ne se serait passé en Polynésie, donne la mesure du sérieux de cette résolution. Est-il besoin de confirmer que, depuis son statut d’autonomie (Loi du 27 février 2004), la Polynésie dispose d’une Assemblée élue, d’un Président élu, fait ses lois et détermine leurs sanctions (art.140), a sa propre monnaie, son drapeau, son hymne, ses relations internationales, sa politique de formation et de recherche, ses établissements publics, ses 4 langues régionales reconnues … ? De surcroît, le Préambule de notre commune Constitution lui garantit un droit à l’émancipation (comme à tout territoire d’Outre-Mer de notre République).

  2. Les élections de la semaine dernière ont lourdement sanctionné les manigances des indépendantistes, qui ne retrouvent que 11 sièges, contre 38 aux partisans du statut d’autonomie actuel. Il est vrai que les Polynésiens ont bien compris, à considérer la situation de leurs micro Etats voisins dans le Pacifique, qu’ils ont tout à craindre de l’indépendance de leur population de 250 000 habitants dispersés sur 65 îles habitées, elles-mêmes éparpillées sur des espaces immenses, dont les richesses, suscitent la convoitise d’Etats et d’acteurs sans scrupules.

  3. Quant à l’étrange Déclaration 61/295 sur les Droits des peuples autochtones (A/61/L.67° du 13 septembre 2007), l’Assemblée générale vient d’en faire un usage abondant pour essayer de justifier sa démarche (mais surtout d’essayer d’aider Temaru à gagner ses élections). D’abord on n’y définit pas les autochtones ! Quid, par exemple, des non-Canaques, majoritaires en Calédonie, parfois installés depuis des générations, voire des siècles ? Et des citoyens de Tahiti d’origine chinoise ? Ou popaa ?(européens). Or, l’article 3 de ce texte affirme que « les peuples autochtones ont le droit à l’autodétermination. » Est-ce à dire qu’ils seront seuls à voter ? Sur quels critères ? Racial ? Cela conduira–t-il à des partitions territoriales ?(cf art.5, 7, 9).

  4.  La Résolution du 17 mai 2013 met la France non seulement en situation d’accusée, pour non respect des droits de l’homme et des peuples, mais en demeure de rendre des comptes: au Comité spécial de décolonisation, et même d’intensifier son dialogue avec les peuples polynésiens ! La situation échappe complètement au Quai d’Orsay et à l’Elysée (ce n’est pas nouveau). On rappellera, par exemple, que, sans qu’il y ait eu de réaction appropriée, les gouvernements français successifs ont accepté qu’un parti politique minoritaire en Nouvelle Calédonie (le FLNKS), puisse participer à une organisation internationale (le GFLM/ MSG), avec son « drapeau », aux côtés d’Etats souverains. A ce sujet il serait pertinent que l’Assemblée nationale s’informe sur les subsides et l’aide que l’Union européenne compte accorder à cette organisation (10ème FED, APE intérimaire, ACP/UE…), mais aussi d’autres organisations ou Etats (Commonwealth, PNUD, Luxembourg, Chine…).

  5. Reste à savoir, à présent :
  • ce que la France a fait pour empêcher cette nocive résolution,
  • quelle sera l’attitude de la France vis-à-vis des Etats amis qui ont participé à cette mascarade organisée, à l’ONU, par des copains de M. Temaru (mais c’était bien mal calculé…)

Certes les Etats Unis, les Pays Bas, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont déjà signalé se désolidariser de cette résolution « adoptée par consensus (sic) », c’est-à-dire que ces parangons de la démocratie-chez-les-autres se sont prononcés… sans voter. Merci à ceux de nos alliés responsables qui soutiennent la France, ainsi que la majorité de la population de Polynésie. Mais les autres ? Les 23 autres pays de l’UE ? Solidaires de la France ? Et Mme Ashton ? Et Van Rompuy ? Barroso, si prolixe d’habitude ? Et les pays francophones d’Afrique ? Le Mali ? La Libye ? Le Tchad? L’Afghanistan ? Le Liban ? L’ex-Zaïre ? Etc… Ont-ils oublié les sacrifices de nos fils ? L’aide supportée par nos contribuables?

Mauvaise nouvelle : le Quai ne répond plus.

 

Henri Temple
Membre du Bureau national
Délégué national à l'Indépendance de la France