Le gouvernement cherche à combler son incapacité à fournir des masques aux Français, à dépister massivement la population et à contrôler nos frontières par le traçage généralisé de la population qui, sous couvert d’un faux choix et de la santé publique, sera inefficace contre la maladie mais hélas terrible pour nos libertés fondamentales !
Imaginons ensemble un scénario pas si lointain… Nous sommes le samedi 27 juin 2020, les soldes d’été viennent de commencer dans la région parisienne où je réside …
Je suis plongé, malgré moi, dans un flot de personnes à l’entrée d’un grand magasin, le vigile a du mal à nous imposer les distances réglementaires… A peine rentrés, nos téléphones ont une alerte StopCOVID … plusieurs vibreurs se déclenchent autour de moi … c’est la troisième « mise en garde » de la journée dans mon cas … dans 7 jours ayant fait les soldes j’y aurai sûrement droit ! Ce jour-là des milliers d’échanges Bluetooth vont s’enregistrer entre smartphones … Quand je pense qu’hier j’ai passé quarante-cinq minutes dans le RER bondé avec une batterie de téléphone vide et que mes enfants en primaire ont croisé, chaque jour, des centaines d’autres à l’école … et si mon voisin d’immeuble, du 5ème étage comme moi, se déclare, qu’il se trouve habituellement à 1 mètre derrière le mur de ma cuisine mais que je ne le croise jamais car il est d’une autre cage d’escalier, l’application sera assez intelligente pour ne pas m’alerter ?
Une fiction ? … non une anticipation de la réalité préparée par le gouvernement ! Sur le papier, beaucoup de Français de bonne foi veulent croire que le gouvernement cherche une solution mais c’est un piège !
Tout d’abord, l’application ne peut pas vous protéger car l’essentiel des contaminations ne sont pas dues à des gens juste croisés ici ou là mais des contacts prolongés ainsi que des traces de virus laissés par éternuement ou contact. Rappelons que la distanciation sociale d’un mètre ne limite pas les conséquences d’un éternuement qui projette des particules à quelques mètres. Ainsi, les jours de soldes, ce sont des millions de miasmes projetés sur des rampes d’escaliers roulants elles-mêmes touchées par des milliers de personnes… Autant de risques de contamination laissés par des personnes que l’application n’aura jamais enregistrées.
Par ailleurs, soit le dispositif est obligatoire, ce qui est intolérable car contraire à tous nos principes de liberté, soit il est inutile faute de couvrir la population. Le traçage est donc complétement inefficace et pire, peut donner un faux sentiment de sécurité. Il y a risque énorme d’une baisse de vigilance vis-à-vis des gestes barrières en se croyant faussement protégés par ce type de solutions.
Ensuite, à quoi sert le traçage sans dépistage massif. Si, à chaque alerte, il faut se dépister, le système français actuel sera submergé même avec un relatif faible nombre d’utilisateurs. Au contraire, s’il y a assez de tests, le traçage n’est pas nécessaire puisque cette méthode de bon sens suffit à juguler l’épidémie !
Bref, vous l’aurez compris, le traçage est de facto une application gadget qui sécurise la bonne conscience de l’Etat qui aura trouvé une « solution moderne » pour pallier le manque matériel de masques et surtout de tests, pour une majorité de français qui n’auront pas l’application rappelons-le.
Mais derrière la propagande se cache un risque énorme nous menant vers la surveillance digitale généralisée de la société française.
Le relatif succès ou l’échec de StopCOVID ne pourra émerger globalement sous couvert justement de l’anonymat apparemment respecté. Singapour acquiesce déjà son échec avec son application identique (moins de 18 % de sa population l’a téléchargée et encore moins utilisée …).
Le Conseil National du Numérique (CNNum) a été saisi, par Cédric O, Secrétaire d’Etat aux questions numériques du gouvernement, le lendemain de l’allocution du Président, ce dernier ayant présenté l’application de traçage en rappelant bien les nécessités d’anonymat et de volontariat. Ce 24 avril, le CNNum a émis un avis favorable mais précautionneux. Si ce conseil dit que l’application « peut s’avérer utile », il affirme que l’application doit être limitée dans le temps. En substance, il demande aussi un comité ayant le pouvoir « d’arrêt » de l’application, un renommage en « AlerteCOVID » pour ne pas être équivoque …
Autrement dit, les « experts » ont conscience des dérives possibles et mettent des garde-fous. On est loin d’une application inoffensive vantée par le gouvernement !
Les systèmes d’exploitation des smartphones comme Google-Android et Apple-iOS équipent, début 2020, plus de 98 % des smartphones des français. Ces deux sociétés ont fait un accord mondial, le 10 avril, pour délivrer des outils aux pays et institutions contre le Covid. Fort de constater que ces opérateurs nous tracent déjà en géolocalisation mais aussi en achats, en goûts, en habitude de vie, ils serviront de passerelle d’anonymisation, ou pas, des données personnelles connectées. Apple et Google doivent fournir, justement, une interface reposant sur le Bluetooth, protocole choisi pour StopCOVID. Ces deux géants proposent donc de faciliter la tâche des Etats en levant des difficultés pour développer des applications de type « StopCOVID » en permettant son fonctionnement sur les portables équipés d’iOS et Android.
Le gouvernement prétend rester sur une application française bâtie sur le protocole dit ROBERT du consortium européen PEPP-PT (que des acteurs comme récemment Allemagne viennent de quitter). Pourtant, cette solution reste dépendante des logiciels fournis par les GAFA, en particulier l’accès « ouvert » au port Bluetooth sur les iPhones (environ 20% des smartphones français). Le commissaire Thierry Breton a dû évoquer ce sujet en visioconférence avec le PDG d’Apple, qu’en est-il sorti ?
En réalité, les loups sont dans la bergerie et l’Etat reste bien trop dépendant des GAFA pour protéger les données des Français.
Alors que DEBOUT LA FRANCE a déjà traité et donné son avis sur ces sujets, entre autre sur la reconnaissance faciale d’ALICEM (voir notre article http://www.debout-la-france.fr/actualite/alicem-le-doute), Nicolas DUPONT-AIGNAN, dans ses interventions quotidiennes « Facebook Live » du 6 et 26 avril, a bien rappelé que ce moyen était, dans l’œuf, surfait et voué à l’inefficacité. A l’image des grandes nations qui contrôlent l’épidémie, il a rappelé, encore et encore, que ce sont les tests en masse et le port du masque, la disponibilité et la bonne gestion de ces deux outils de lutte, qui garantissent une situation sous contrôle.
DEBOUT LA FRANCE souhaite que les moyens humains, informatiques et logistiques soient donc mis sur les masques et les tests, leurs commandes fluidifiées, leurs fabrications françaises idéalement, leur délivrance et leurs livraisons tracées comme garanties du contrôle progressif épidémique. DLF demande aussi que les préconisations de distance à tenir entre individus (dans les lieux en commun ou au travail dans les open-spaces) et de ports de masque soient claires car ces consignes sont encore, en cette fin d’avril, floues : Edouard Philippe annonce le 19 avril qu’il est probable qu’un masque grand public soit obligatoire dans les transports en commun au déconfinement (alors qu’aujourd’hui il ne l’est pas) …
Hélas, après avoir promis un vote au Parlement sur ce sujet les 28 et 29 avril prochains, le vote du traçage numérique va être noyé dans le projet de déconfinement présenté par le gouvernement… Les députés n’auront que quelques minutes pour comprendre la loi et la voter… c’est intolérable et montre l’abaissement de notre démocratie !
Le traçage des Français ne servira à rien contre la maladie par rapport aux autres mesures urgentes que le gouvernement échoue à mettre en place. Il est hors de question de sacrifier nos libertés individuelles sur la base de manipulations grossières d’un gouvernement incapable de se libérer de l’emprise des GAFA et qui lui-même n’a que mépris pour la démocratie.
Lionel Mazurié
Délégué National au Numérique