Mort au Mali…démocratie… causes et conséquences…

Rêveries douce-amères d'un humaniste

La mort d'un fils de France, sergent chef au nord Mali… un jeune homme de plus que sa famille ne reverra pas. Déjà enseveli sous les discours officiels et les mines graves de circonstance. Pourquoi ?A quoi bon ? peut-on penser. Certes l'intervention militaire au Mali était une absolue nécessité, pour les Maliens, l'Afrique, l'Europe. Ce  fut une magistrale réussite française, sans le moindre appui de l'impotente Bruxelles ; et le dispositif Berkhane, aujourd'hui, demeure indispen-sable. Car, ici comme ailleurs, il n'y a pas un choc des civilisations: c'est d'une attaque criminelle contre la civilisation humaine qu'il s'agit.

Cependant DLF avait émis, dès la fin de nos opérations armées, il y a deux ans, une analyse toujours valable : l'élection présidentielle malienne, précipitée, n'était pas démocratique car elle ne permettait ni la réconciliation nationale , ni la refonte du système politique et constitutionnel, ni la prise en considération des revendications culturelles et économiques des minorités du nord, ni le vote des déplacés et réfugiés de cette zone plus vaste que la France … On n'a pas traité le problème malien : la France y perdra d'autres de ses enfants. Par sa faute.

Et il y a aussi le coût : à l'heure où le budget consacré à la défense se réduit en dessous de la limite opérationnelle, et où la dette nationale se creuse de plus de 200 milliards supplémentaires par an. La France gère seule les affaires de la sécurité africaine, le proche environnement de l'Europe, sa sécurité. Eh bien il faut présenter la facture et réduire d'autant, par compensation, la cotisation que paie chaque année la France à la Commission (près de 21 milliars d'euros) pour son si déplorable « travail ». Contraire au Traité diront les légistes formalistes ? Conforme aux règles les plus anciennes et solides du droit répondront les vrais juristes qui connaissent bien, dans tous les pays, depuis longtemps , la notion et les règles de la « gestion d'affaires ».

La démocratie est un facteur de paix et de progrès (v. les travaux d'Amartya Sen prix Nobel d’économie) ; mais l'élection peut n'être qu'un simulacre de démocratie, comme on vient de le voir.

L’Ukraine nous en donne un autre exemple fâcheux. DLF avait, là encore, prévenu qu'un président élu sans la participation des (fortes) minorités de l'est, créerait plus de problèmes que de solutions. Or on vient d'aggraver les problèmes en faisant élire un parlement sans ces populations, ni  les voix de plus d'un million de réfugiés et déplacés. Il était inévitable que ces proscrits décident, à leur tour, d'organiser un vote chez eux. Le secrétaire général des Nations Unies s'en offusque. Mais pourquoi  n'a-t-il rien dit lorsque ces citoyens ont été exclus (à deux reprises) de scrutins fondamentaux?

C’est d'Afrique que nous viennent les signes les plus encourageants, malgré tout. Non pas de du Mali, ni surtout de Libye où le précédent gouvernement français est allé renverser un dictateur fou, mais sans s'occuper de la suite, laissant derrière lui un chaos explosif, tel qu'on le voit, à nos portes.

Mais les vertueuses élections en  Tunisie, pays phare, dès lors, du monde arabo musulman, nous donnent un grand espoir : l'islamisme y sera vaincu, militairement et moralement par ce peuple mature.
Et le peuple du Burkina Faso nous a impressionné par son civisme, son sens de la démocratie et sa mesure. Plusieurs centaines de milliers de manifestants et pas d'émeutes ?

Certes Blaise Compaoré restera pour toujours dans l'histoire un très grand président. Même ceux qui manifestent (d'ailleurs le plus souvent de la même ethnie moagha ou mossi) reconnaissent son excellent  bilan. Mais ils estiment que 28 ans c'est assez. Il faut espérer qu'aujourd'hui la sagesse communicative du peuple amènera les députés à aiguiller la réforme constitutionnelle (qui entend prolonger encore le mandat de M.Compaoré) vers la voie référendaire . Il sera préférable que M. Compaoré écoute ce que son son peuple veut en le consultant directement. Car le continent africain se cherche des références et des exemples à suivre . Il vaudrait mieux, à l'heure de Boko Haram, du sida et d'ébola, des problèmes de développement, que ce soient de bons exemples de vertus démocratiques.