Après une bulle spéculative et une longue série de critiques, de méfiance mais aussi de hackage (de vols …) à hauteur de plusieurs millions d’euros en valeur, les crypto-monnaies reviennent revigorées depuis quelques semaines. Ce phénomène est, entre autres, dû à l’annonce de FACEBOOK, réseau fort de ces 2,3 milliards d’inscrits, d’imposer sa crypto-monnaie, la LIBRA, face aux projets non liés aux GAFAM (Ether, Bitcoin, Ripple, Lirecoin, …) ou initiés par des nations (la Biélorussie, Bahreïn…). Même AMAZON a préparé le terrain pour lancer sa propre crypto.
Rappelons qu’entre novembre et décembre 2017, le cours du Bitcoin, la plus connue et mise en avant de ces monnaies, a été multiplié par deux. Depuis, après une baisse énorme, ces monnaies fluctuent énormément, y compris au cours de la même journée … La crypto-monnaie, de facto sans réelle gouvernance politique et économique, est aussi un support qui intéresse fortement les pays en embargo ou en sanctions économiques (Vénézuéla, Iran, Ukraine, …) ainsi que des organisations mafieuses ou terroristes (l’Etat Islamique en particulier). La volatilité de ces actifs est propice à leur utilisation pour fraude (-72% en 2018 pour le Bitcoin après avoir multiplié sa valeur par 14 en 2017 …)
Après avoir présenté ces faits, parfois des déviances du système, il y a également un élément connexe qui explique une part du rejet occidental qui tend à vouloir réfréner ces nouvelles monnaies : l’énorme impact écologique. En effet, la blockchain (traduite par « chaîne ce blocs »), le moteur des crypto-monnaies, est énergivore pour les calculs dits de »minage » nécessaires. En 2018 (chiffres du cabinet Digiconomist), le minage du bitcoin représentait l’émission d’autant de CO2 qu’un million de vols transatlantiques ! La Chine est le premier pays-fermier en cryptos et son électricité est massivement d’origine des centrales à charbon comme nous le savons bien …
Debout La France a proposé depuis des années des solutions ambitieuses qui anticipaient les défis de notre siècle.
Les crypto-monnaies vont se développer inéluctablement, ce qui nous impose de réfléchir à ce nouvel état de fait pour les réguler le mieux possible en accord avec notre démocratie.
Il est urgent que les pays européens, qui le souhaitent, reprennent la main sur la Commission Européenne incapable de proposer des coopérations qui permettent de contrebalancer le monopole des multinationales américaines. Certes, l’Union Européenne a condamné GOOGLE en 2017 pour position dominante. Néanmoins, les sanctions ne sont qu’une égratignure dérisoire face à la puissance de ces géants hors-sol du numérique. Par ailleurs, à quoi cela sert-il de condamner une entreprise si les pays européens, en particulier la France, sont incapables de proposer une alternative aux services monopolisés par les GAFAM ?
Seul un contrôle démocratique de la Banque Centrale Européenne peut permettre, entre autres, une surveillance active et un encadrement des crypto-monnaies, en particulier le contrôle de leur fluctuation. Il faut également dominer, piloter, gouverner ces flux financiers pour éviter toute fraude, blanchiment et utilisation frauduleuse ou échappatoire du cadre légal. DLF demande une fois encore que les moyens de lutte humains et financiers, en particulier Tracfin, soient considérablement renforcés et étendus à ce nouvel espace d’échanges monétaires.
Enfin, il faut assurer la traçabilité des cryptomonnaies nécessaires à l’imposition pour que chacun paie une juste contribution et que la fraude fiscale internationale, déjà massive, n’augmente pas davantage. Bercy a ainsi rappelé, le 12 décembre 2017, qu’en cas de plus-values de ces supports, celles-ci doivent être déclarées alors que beaucoup d’investisseurs pensent y échapper sur les plates-formes étrangères majoritaires sur ces offres.
Comme bien des sujets liés à la perte d’autorité de notre exécutif et du législatif français ou encore au penchant de l’UE à laisser systématiquement et volontairement certains sujets au domaine privé, il est inacceptable que la monnaie soit un nouveau pan qui échappe à la souveraineté d’un état, de notre nation française.
D’un état-nation, nous nous dirigeons vers un état « squelettique », épuré à son plus strict minimum, un état plateforme réduit à peau de chagrin : monnaie, défense nationale, éducation, énergie, transport … tout est en voie de privatisation et de délégation à des tiers trans-nationaux quant au pilotage et à des acteurs privés (majoritairement extra-européens …) pour leur offre, mise en concurrence (avec vigilance et réelle défense de nos intérêts ?) et exécution.
Il est donc urgent, pour la France, de recouvrer notre souveraineté monétique perdue au profit de l’Union Européenne et de bâtir des coopérations européennes concrètes pour répondre aux défis du siècle.
Lionel Mazurié
Délégué national au numérique