L’économie française traverse actuellement une période particulièrement complexe, marquée par plusieurs facteurs extérieurs et intérieurs. Parmi ces éléments, l’appréciation continue de l’euro par rapport au dollar américain constitue un enjeu majeur. En effet, l’euro se situe à 1,1289 USD pour 1 EUR, bien au-dessus de son niveau le plus bas observé en janvier 2025, où il était tombé à 1,0142 USD pour 1 EUR. Cette montée de la monnaie européenne a des répercussions directes sur la compétitivité des exportations françaises. Une monnaie plus forte rend les produits français plus coûteux sur les marchés internationaux, ce qui se traduit par une baisse de leur compétitivité, notamment pour les secteurs stratégiques comme l’aéronautique, l’automobile et l’agriculture[i].
Cette situation devient encore plus complexe avec l’impact des politiques commerciales américaines, notamment l’augmentation des droits de douane imposés par l’administration Trump. Ces nouvelles barrières tarifaires ajoutent une double peine pour les exportateurs français. Non seulement la France doit faire face à un euro plus fort, mais les produits français se retrouvent également pénalisés par des taxes plus élevées, ce qui complique davantage leur accès aux marchés internationaux. Cette combinaison de facteurs contribue directement à l’aggravation du déficit commercial de la France, ce qui affecte non seulement la croissance économique mais aussi l’ensemble de l’économie nationale.
Dans ce contexte, un autre indicateur préoccupant est l’écart de taux entre la France et l’Allemagne, un facteur clé pour comprendre la perception du risque par les marchés financiers. Actuellement, cet écart atteint 72 points de base, avec un rendement de 3,17% pour la France contre 2,45% pour l’Allemagne. Ce différentiel indique que les investisseurs perçoivent la dette française comme plus risquée que celle de l’Allemagne, et par conséquent, ils exigent un rendement plus élevé. Ce phénomène est particulièrement inquiétant car il augmente le coût de financement pour la France, ce qui se traduit par une augmentation substantielle des dépenses publiques liées au service de la dette[ii].
Cela se traduit par un cercle vicieux : à mesure que les rendements augmentent, la France doit consacrer une part de plus en plus importante de son budget au paiement des intérêts, réduisant ainsi sa capacité à investir dans d’autres secteurs essentiels. Ce processus devient d’autant plus problématique que la France arrive à une période où une grande partie de sa dette, contractée durant la crise du COVID-19 à des taux bas, doit être refinancée. La durée moyenne de la dette publique française, estimée entre sept et neuf ans, indique que des obligations émises à taux nul ou très bas arriveront bientôt à échéance. La France se retrouvera ainsi à devoir refinancer ces emprunts à un coût beaucoup plus élevé, ce qui contribuera à l’alourdissement de la dette publique dans les années à venir et donc à augmenter les impôts.
Ce phénomène s’intègre dans une dynamique plus large : la trappe à dette. Alors que le taux d’intérêt est supérieur à la croissance économique, il devient de plus en plus difficile pour le pays de rembourser sa dette sans recourir à de nouveaux emprunts. Ce dérapage des finances publiques s’accentuera si aucune réforme structurelle n’est mise en place rapidement pour maîtriser cette spirale négative. D’autant plus que la situation pourrait se détériorer avec une éventuelle dégradation de la note de crédit de la France. Si la France perd sa note double A, cela entraînera une augmentation significative des coûts de financement, car les investisseurs exigeront des rendements encore plus élevés pour compenser le risque perçu. Ce changement pourrait également provoquer une vente massive de la dette française par des investisseurs institutionnels qui sont tenus par des critères de notation stricts.
Dans ce contexte inquiétant, il est donc impératif de trouver des solutions pour redresser les finances publiques de manière durable. L’un des points cruciaux pour éviter une aggravation de la situation est de limiter le recours à de nouvelles dettes et de contrôler les dépenses publiques. Dans son livre « Où va le pognon ? »[iii], Nicolas Dupont-Aignan propose des solutions concrètes pour éviter le dérapage des finances publiques tout en réduisant l’impact sur les citoyens pour ne pas dire indolore. Il est possible de réaliser des économies substantielles de l’ordre de 100 milliards d’euros sur une période de cinq ans, sans pour autant impacter négativement la vie des Français. Ces mesures visent à rationaliser les dépenses publiques, à réduire les gaspillages tant administratifs que sociaux et à réorienter les investissements vers des secteurs productifs, comme l’innovation et la transition énergétique.
Ces propositions, bien qu’ambitieuses, sont cruciales pour maîtriser la situation de la dette publique et garantir une gestion plus efficace des finances publiques. Elles permettent non seulement de préserver la stabilité économique à court terme mais aussi d’offrir une perspective d’assainissement sur le long terme, en évitant les mesures d’austérité sévères qui risqueraient de freiner la croissance et d’aggraver les inégalités sociales. Un autre enjeu structurel, souvent sous-estimé, concerne la question de l’évasion et de l’optimisation fiscales au sein même de l’Union européenne. Bien que ce sujet suscite régulièrement des débats, il demeure un obstacle majeur à la consolidation des finances publiques françaises. En effet, plusieurs États membres de l’UE appliquent des régimes fiscaux très avantageux pour les entreprises, créant une forme de concurrence intra-européenne qui nuit à l’équité fiscale. Des pays comme l’Irlande, les Pays-Bas ou le Luxembourg sont fréquemment cités comme des juridictions facilitant l’optimisation fiscale des grandes multinationales. Cette situation engendre une perte significative de recettes fiscales pour des pays comme la France, sans qu’une action unilatérale soit véritablement possible dans le cadre actuel des traités européens[iv]. Le cas du groupe automobile Stellantis, qui a choisi d’établir son siège social aux Pays-Bas alors qu’aucune production majeure n’y est réalisée, illustre cette dynamique. Cela montre que, malgré une activité industrielle en France, une part importante de la fiscalité peut être déplacée vers d’autres États membres à fiscalité plus faible, au détriment des recettes françaises. La France avec Nicolas Dupont-Aignan à sa tête pourrait être conduite à ouvrir un débat national sur les marges de manœuvre qu’elle souhaite conserver ou retrouver en matière de politique fiscale, y compris par voie référendaire.
Ainsi, la France se trouve aujourd’hui à un carrefour. Les défis sont multiples : un euro plus fort, une dette croissante, des coûts de financement en hausse et une perte de compétitivité sur les marchés internationaux. Il est indispensable de mettre en œuvre des réformes structurelles pour éviter une crise des finances publiques. Le cadre proposé par Nicolas Dupont-Aignan[v] pour économiser sans douleur représente un chemin possible vers une gestion plus saine de la dette publique, permettant à la France de sortir de cette spirale de surendettement tout en préservant ses capacités de croissance. Sans ces réformes, la France risque de se retrouver dans une situation de plus en plus insoutenable, marquée par une perte de compétitivité, une dette incontrôlable et une pression croissante sur ses finances publiques.
[i] Joseph Stiglitz, « L’euro : comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe », ed. Les Liens qui Libèrent, 2016.
[ii] Jacques de Larosière ancien gouverneur de la Banque de France, « Les 10 préjugés qui nous mènent au désastre économique et financier », ed. Odile Jacob, 2018.
[iii] Nicolas Dupont-Aignan, « où va le pognon ? », ed. l’Archipel, 2021.
[iv] Ghislain Tissot, “l’Euro, une monnaie sacrée », ed. Amazon, 2021.
[v] Voir l’entretien du 4.12.2024 entre Gilbert Collard et Nicolas Dupont-Aignan disponible sur Youtube https://m.youtube.com/watch?v=26gHebbhHgE&pp=ygUUQ29sYXJkIGR1cG9udCBhaWduYW4%3D