L’association UFC – Que Choisir rejoint les analyses de Debout la France depuis dix ans et lance un cri d’alarme sur la pénurie de médicaments qui s’aggrave en France. Elle a publié une étude sur le sujet le 9 novembre 2020 et réclame des mesures à l’Etat plus importantes car seules 2 sanctions ont été prononcées en 2019 contre des laboratoires responsables de rupture de stock !
Les pénuries et les tensions d’approvisionnement de médicaments ont subi une forte croissance depuis une décennie : il y avait 405 pénuries en 2016, et presque 3 fois plus en 2019.En 2020, 2400 médicaments sont en rupture, 6 fois plus qu’il y a 4 ans !
Or, ces pénuries concernent des médicaments dits d’«intérêt thérapeutique majeur » : MITM , pour lesquels une interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients.
Cette pénurie est apparue plus prégnante avec la crise sanitaire que nous connaissons cette année avec le manque d’anesthésiants, de curare, dans les services de réanimation ; mais aussi régulièrement le manque d’anticancéreux dans les hôpitaux ; cela touche aussi la cortisone.
Les Français doivent bien comprendre que ces pénuries menacent leur santé, leur vie et celle de leurs proches.
80 % des principes actifs, ces molécules qui servent ensuite à produire les médicaments sous leur forme habituelle, sont fabriqués en Asie (Chine et Inde) contre 20 % il y a 30 ans.
Ces délocalisations massivement sont dues aux coûts de production bien moindres et à l’obsession de la rentabilité mais aussi parce que les contrôles sanitaires et environnementaux sont bien plus faibles en France.
En réalité, nos autorités sanitaires ne contrôlent plus rien sur ces productions étrangères et dépendent du bon vouloir des agences chinoises ou indiennes, ce qui en dit long !
Cette dépendance aux molécules asiatiques est amplifiée par la faiblesse des moyens de production en Europe. Dès qu’il y a le moindre « couac », la production en flux tendu ne suit pas, c’est tout le système qui s’écroule, toujours pour des basses questions de profit.
Seuls 17 % des médicaments remboursés sont fabriqués en Europe.
Bizarrement, ces pénuries ne touchent que rarement les molécules récentes les plus onéreuses ; les médicaments indisponibles sont prioritairement des produits anciens qui ont plus de 20 ans, dont le brevet est donc tombé dans le domaine public : les génériques, que les laboratoires ne veulent plus fabriquer car ils ne rapportent plus assez alors qu’ils soignent très bien !
Dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2020, année pour laquelle le « trou de la sécu » devrait atteindre 51 milliards d’euros, il est prévu des sanctions contre les pénuries de médicaments : les industriels seront soumis à des sanctions renforcées , en cas de défaut de constitution d’un stock de sécurité ou en cas de défaut d’information à l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament ) .
Chaque jour de rupture pourra entrainer une sanction allant jusqu’à un minimum de 30% du chiffre d’affaires journalier moyen réalisé en France, dans la limite de 10% du chiffre d’affaires annuel ou d’un million d’euros.
Mais dans la réalité, les sanctions ne sont jamais appliquées et de toute façon, de telles sanctions ne résoudraient pas la pénurie.
C’est pour cette raison que DLF avec Nicolas Dupont-Aignan ne cesse d’alerter et de demander le rapatriement de la production de principes actifs.
Lors des questions au gouvernement le 31 Mars, le Premier Ministre et le Ministre de la Santé refusent de répondre aux demandes de relocalisation de la production, refusent d’oser parler de réquisitions de laboratoires et de nationalisations s’il le faut, proposées par Nicolas Dupont-Aignan.
Dans le projet présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan nous proposons de coordonner le rapatriement et la production de tous les médicaments et produits de santé vitaux, et donner cette mission à la Pharmacie Centrale des Armées et à l’Agence générale pour les équipements et produits de santé.
Nous voulons obliger les entreprises pharmaceutiques à constituer des stocks de réserve de quelques mois sur les médicaments les plus sensibles et, à défaut de demander la production de ces médicaments par la Pharmacie Centrale des Armées, qui dispose de ses propres lignes de production.
L’Etat, avec son retard sur les masques puis sur les tests,a montré son incapacité à anticiper pour éviter une pénurie ; il y a une crise d’intendance et de moyens, l’Etat aurait dû avoir repris les choses en main après la première vague. UFC-Que Choisir n’hésite pas à parler d’incurie des pouvoirs publics.
On le voit aussi actuellement avec la pénurie des vaccins grippe : l’Etat a fait campagne pour inciter la population à risque à se faire vacciner mais 48 heures après le début de la distribution, les pharmaciens n’en avaient plus ! Un mois après le début, j’ai toujours des patients âgés ou à risques qui attendent et n’auront pas leur vaccin avant fin Novembre !
Il est intolérable qu’on puisse dépenser 27 milliards pour acheter des médicaments, remboursés par la Sécurité Sociale et donc payés par nos cotisations sociales pour produire en Asie des médicaments qui n’arrivent pas en France. Faiblesse de l’Etat qui ne joue pas son rôle de garant de la santé publique.
Le projet présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan prévoit un retour de l’Etat qui donne des consignes claires, fait respecter un cadre, renforce les sanctions dans la loi et dans les faits, envers les laboratoires qui gèrent mal l’approvisionnement du marché français.
Car l’enjeu, c’est de soigner et de ne pas laisser nos concitoyens mourir car l’appât du gain aura fait qu’il n’y aura plus de médicaments disponibles.
Véronique Rogez
Déléguée à la santé