Une économie au service des banques et qui asservit les peuples

D’un côté, la BCE prête 500 milliards aux banques à 1%. De l’autre, les créanciers de la Grèce la pressent de baisser son salaire minimum. Comme l’a bien souligné Nicolas Dupont-Aignan au Grand Journal, il y a quelque chose qui ne tourne vraiment pas rond dans notre système économique.


Le privilège des banques
 

Il y a tout de même quelque chose d’effarant à constater depuis trois ans et demi à quel point le secteur bancaire dispose d’une position privilégiée au sein de l’économie. Non seulement, il dispose du pouvoir de créer la monnaie, avec des règles qui se sont considérablement allégées avec le temps et qu’il contourne allégrement par le hors bilan ou les parasites fiscaux. Mais en plus, comme le disait The Economist, les profits sont privatisés et les pertes collectivisées.

En effet, leur position dans l’économie fait qu’il n’est pas possible de laisser faire faillite les banques, au risque de faire s’effondrer toute l’économie. Du coup, quand le manque de solidité de leur bilan créé des besoins de financement que les marchés ne parviennent plus à assurer, la BCE créé 500 milliards d’euros et leur prête à 1% à 3 ans ! Pire, comme le rapporte Le Monde, les énormes salaires de la finance démontrent une certaine résistance à la baisse malgré le contexte.


La saignée en Europe
 

Comme le rapporte Le Monde, Joseph Stiglitz a comparé les politiques d’austérité à « la pratique de la saignée dans la médecine médiévale ». Lors d’une conférence économique, il a soutenu que « les politiques d’ajustement aux Etats-Unis et en Europe ne résoudront pas la crise économique. Le déficit budgétaire n’est pas à l’origine de la crise, c’est au contraire la crise qui a causé le déficit budgétaire ». En clair, trop d’austérité casse la croissance et ne résout pas les problèmes.

Le « prix Nobel » 2001 est sur la même ligne que celui de 2008, Paul Krugman, qui avait prévenu très tôt des dangers de politiques d’austérité après une telle récession. Il avait alors qualifié les gouverneurs des 50 Etats à « 50 Hoover ». Malheureusement, la réalité leur a donné raison puisque la Grèce et le Portugal s’enferment dans une récession sans fin, où l’austérité accentue la récession et donc complique le rééquilibrage du budget, poussant à toujours plus d’austérité.


Deux poids, deux mesures

Ce cercle vicieux est d’autant plus choquant que la BCE donne autant de liquidités aux banques qu’elles le souhaitent. Pire, tous les plans « d’aide » aux pays ne sont en réalité que des plans d’aide aux créanciers de ces pays puisque l’argent qui est donné sert à rembourser les créances passées. Entre le FESF, les aides de la BCE et les 500 milliards que demande le FMI, c’est plus de mille milliards d’euros qui sont déversés sur le système financier, sans véritable contrepartie.

Parallèlement, la troïka technocratique et les créanciers de la Grèce lui demandent d’ajuster les salaires à la baisse. Après les coupes sauvages réalisées pour les fonctionnaires, avec la suppression des 13ème et 14ème mois de salaire et les coupes dans leur traitement, les créanciers du pays veulent qu’Athènes baisse le niveau de son SMIC (aujourd’hui à 876 euros mensuel) pour restaurer la compétitivité du pays, au prétexte que les salaires y ont davantage progressé ailleurs.

Il y a pourtant des alternatives : une sortie de l’euro suivie d’une dévaluation qui restaurerait d’un coup la compétitivité du pays et une monétisation partielle de la dette qui permettrait d’échapper à la tutelle des marchés financiers. Pauvre Grèce ! Pauvre Europe ! Nous marchons sur la tête.

 

Laurent Pinsolle,

Porte-parole de Debout la République