Ces prochaines heures vont être décisives pour la France et le monde. Les récents mouvements de troupes à Chypre font penser que ce n'est qu'une question d'heures avant que les premières bombes occidentales tombent sur la Syrie.
Soit la France fait entendre sa voix haute et forte maintenant, soit elle finira aux oubliettes de l'Histoire.
Comment accepter de participer à une telle aventure sans savoir de manière certaine qui du régime de Bachar el-Assad ou des groupes islamistes sont les auteurs de tirs d'armes chimiques ?
Ce qui se prépare en Syrie aura des conséquences immenses sur le cours du monde. Partout où les Occidentaux ont tenté d'imposer par la force leur démocratie, cela s'est terminé en fiasco. Les attentats quotidiens en Irak ou la mainmise d'islamistes radicaux en Libye sont là pour nous le rappeler. Une intervention en Syrie a de grandes chances de faire basculer toute la région dans le chaos absolu. Nous allons encourager la radicalisation du régime syrien et l'opposition syrienne risque de se permettre toutes les exactions, notamment sur la communauté chrétienne locale. Et tout ça pour quoi ? Pour installer peut-être les groupuscules terroristes que nous avons combattus avec raison au Mali…
Il est du devoir de la France de tenir son rang. Or depuis plusieurs mois, à force de suivre aveuglement les Américains, la voix de la France est inaudible. Sur ce dossier syrien, nous avons été en-dessous de tout. Notre politique étrangère indépendante depuis Charles de Gaulle était l'occasion de jouer les médiateurs entre une Russie fidèle au régime de Bachar el-Assad, et des États-Unis sous l'influence de l'Arabie Saoudite.
Non seulement la France doit s'abstenir de prendre part à cette aventure hasardeuse, mais elle doit en plus peser de tout son poids pour qu'une solution diplomatique et politique soit trouvée à ce conflit. L'honneur de la France est de ne faire parler les armes qu'en dernier ressort lorsque tous les recours diplomatiques et politiques auront été épuisés. Comme député de la nation et membre de la Commission des Affaires étrangères, je m'étonne du silence de la France au Conseil de Sécurité de l'ONU. Je suis stupéfait par cette précipitation de la diplomatie française alors qu'une Conférence de conciliation, dite Genève 2, a été prévue entre les différentes parties.
Déjà, la fermeture de l'ambassade de France à Damas en mars 2012 fut une erreur tactique. Depuis, nous nous enfonçons dans un déni diplomatique gravissime. En participant à cette intervention occidentale en Syrie, la France va mettre le bras dans un engrenage terrible mais va en plus abimer sa voix dans le monde.
La France doit être la France. C'est ce que le monde attend d'elle. C'est ce que Jacques Chirac et Dominique de Villepin avaient incarné au moment de la guerre en Irak.
Alors que François Hollande semble être sur le point d'engager nos armées dans cette guerre civile, il est indispensable que l’Assemblée nationale se réunisse sous les 48 heures pour un débat public. Je demande donc à Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, et à Claude Bartolone, le Président de l'Assemblée nationale, de prendre immédiatement les dispositions afférentes.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République