Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Nicolas DUPONT-AIGNAN !
Prise de parole de Nicolas Dupont-Aignan lors de la motion de censure
Assemblée Nationale, Lundi 5 février 2024
Seul le prononcé fait foi.
Madame la Présidente,
Monsieur le Premier Ministre,
Chers collègues,
Vous n’avez pas osé accompagner votre déclaration de politique générale d’un vote de confiance, comme il est de tradition, car vous savez que vous êtes minoritaire dans cette assemblée comme dans le pays.
Aussi, pour mettre chaque député devant ses responsabilités, cette motion de censure est la bienvenue.
Je la voterai bien sûr pour 3 raisons fondamentales.
Première raison : vous donner aujourd’hui un sursis ferait de nous, députés de la nation, les complices de la pure opération de communication qu’a constitué votre nomination à Matignon.
Qui peut croire un instant que vous allez changer de politique ?
Il suffisait d’écouter avec attention votre déclaration de mardi dernier, un catalogue de mesurettes avec tellement de priorités qu’il n’y en a plus aucune, pour comprendre combien vous étiez la voix de votre maître.
Ne pas voter la censure reviendrait concrètement à faire souffrir davantage les Français et à faire perdre encore plus du temps à la France.
Doublement des franchises médicales, explosion des tarifs de l’électricité et du gaz, appauvrissement sans précédent des chômeurs de longue durée tout en régularisant une main d’œuvre bon marché, hausse du tarif des autoroutes, réduction de 3 ans à 6 mois du congé parental et vous osez affirmer que vous voulez défendre les classes moyennes ?
De même, vous n’avez que le mot autorité à la bouche mais vous ne voulez pas vous attaquer aux causes profondes de l’explosion de la délinquance : le laxisme judiciaire, l’ouverture des frontières et la soumission à un droit européen qui explique l’impuissance généralisée de l’État.
Mais plus grave encore, ne pas voter la censure reviendrait à cautionner le vrai cap d’Emmanuel Macron et de votre Gouvernement : la dissolution de la France dans une Union européenne de plus en plus inefficace et autoritaire.
Contrairement à ce que vous avez voulu nous faire croire dans votre discours de mardi dernier, pour endormir les Français vis-à-vis du saut fédéral et antidémocratique que vous préparez, avec Emmanuel Macron et vos complices de Bruxelles, il n’est pas possible de courir deux lièvres à la fois : celui de la souveraineté française et celui de la souveraineté européenne.
Par exemple, votre promesse à Paris de bloquer l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur et les déclarations de la Commission européenne, qui annonce le signer au plus vite, révèlent votre double jeu permanent.
Derrière les grandes envolées lyriques, il s’agit d’un véritable hold-up intellectuel pour cacher un transfert historique de compétences, de pouvoirs à l’échelon supranational, comme en témoigne la révision des traités en préparation.
Philippe Seguin avait d’ailleurs tout résumé par ces mots : « Par essence, la souveraineté est un absolu qui exclut toute idée de subordination et de compromission. Un peuple souverain n’a de comptes à rendre à personne ».
Enfin, je voterai la motion de censure car je ne peux pas cautionner ici-même les errements d’Emmanuel Macron et de votre Gouvernement en matière de politique étrangère et de défense.
La déclaration hallucinante du Président de la République à Stockholm bradant, dans la confusion la plus totale, notre force de dissuasion nucléaire nationale à nos voisins européens, rompt avec des décennies de clarté et de cohérence de ses prédécesseurs.
Notre dissuasion nucléaire n’a de sens et n’est dimensionnée que pour sanctuariser le territoire national.
L’étendre avec inconscience à un théâtre européen menacé par l’extension de la guerre en Ukraine revient à transformer cette force nucléaire stratégique en un outil tactique pouvant déclencher une escalade nucléaire et sacrifier les Français pour une guerre qu’ils n’auraient pas voulu.
Il est à cet égard inconcevable que notre Parlement ne se soit pas réuni, en application de l’article 35 de la Constitution, compte-tenu de la fuite en avant (livraisons d’armes) d’Emmanuel Macron par son obéissance servile à l’Union européenne et à l’OTAN.
Sur la scène internationale, notre pays n’est plus que l’ombre de lui-même. Il n’incarne plus une voix libre capable de défendre, notamment, un plan de paix équilibré en Ukraine.
Mes chers collègues l’heure est grave, les Français nous regardent.
Jamais pour ma part je ne cautionnerai la dérive actuelle.
Seule une censure, suivie d’une dissolution permettant l’arbitrage du peuple, peut enrayer l’effondrement du pays.
Tout le reste n’est que bavardage dilatoire.