Lettre à tous les journalistes de France
Chers amis journalistes,
La primaire organisée par le parti « Les Républicains » sous l’appellation de « primaire de la droite et du Centre » s’est achevée en fanfare, dimanche dernier 27 novembre, avec la participation de près de quatre millions et demi de votants.
Le déroulement de ce qui n’était au départ qu’une consultation officieuse et partisane a montré à quel point les Français, contrairement à ce que l’on affirme journellement, avaient faim de politique et soif de démocratie.
En insufflant une salutaire bouffée d’oxygène dans cette compétition, l’organisation, au premier tour, de trois débat,s de deux heures chacun, plaçant l’ensemble des candidats sur un pied d’égalité, a contribué de manière décisive au succès et à l’issue de cette primaire. Ni les sondages ni les médias, qui avaient prématurément annoncé un duel Sarkozy et la victoire du « meilleur d’entre nous » n’avaient prévu l’émergence et la victoire-surprise de François Fillon.
Quoi que l’on en pense du reste, la couverture de l’événement par l’ensemble des médias explique très largement la mobilisation sans précédent de ces millions d’électeurs.
C’est une bonne nouvelle pour la démocratie.
Or, en avril 2017, ce n’est plus une minorité équivalant à 10% du corps électoral, mais la totalité de celui-ci, soit quarante-quatre millions d’inscrits, qui sera concernée par le premier tour de l’élection présidentielle, échéance capitale de notre vie politique.
A gauche comme à droite, ce sont en grande partie des candidats nouveaux qui se présenteront et présenteront leurs projets aux Français.
La moindre des choses serait que les médias mettent en place pour cette occasion qui ne revient que tous les cinq ans un dispositif identique à celui qu’ils ont assuré à la primaire de la droite et qu’ils assureront selon toute vraisemblance à la primaire de la gauche.
La multiplication de débats éclairants et sérieux, personnalité contre personnalité, projet contre projet, convictions contre convictions, assurerait l’accès de tous les citoyens à une information politique pluraliste, complète et impartiale. Elle répondrait aux exigences de la démocratie et à l’attente des Français.
C’est dire, alors que les fractures sociales, économiques, morales ne cessent de se creuser et de fragmenter notre société, alors que notre pays est confronté à une crise de confiance d’une gravité exceptionnelle, l’ampleur de la responsabilité qui pèse sur les divers médias.
Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’un tel débat serait impossible à organiser en raison du nombre des candidats ou du refus de certains d’entre eux, à commencer par les mieux placés, d’y prendre part. Ceux qui s’y déroberaient seraient sans aucun doute sanctionnés dans les urnes par des citoyens qui ne supportent plus d’avoir à se prononcer sans avoir été informés de l’avenir qu’on leur prépare ou qu’on leur propose.
Qu’on ne nous dise pas non plus que la hiérarchie des intentions de vote telle qu’elle résulte des sondages justifie une inégalité de traitement entre les candidats à la même élection et aux mêmes fonctions.
L’expérience récente d’un Donald Trump qui démarrait il y a moins de deux ans avec une cote de popularité de 1% ou d’un François Fillon qui a stagné presque jusqu’à la fin au-dessous de la barre fatidique des 10% doit servir de leçon et interdire de réserver la lumière à de prétendus avoirs et de reléguer dans l’ombre des outsiders supposés. C’est du débat, pour le meilleur ou pour le pire, qu’a jailli le choix libre et éclairé des électeurs.
La croissance constante de l’abstention (aux dernières régionales, elle se montait à près de 50%des inscrits), le déplacement du débat sur les réseaux sociaux, le rejet massif des partis traditionnels, le discrédit de la classe politique, tous partis confondus rendent plus indispensable que jamais le pluralisme des débats, pilier et respiration de la démocratie.
Vous, médias, en êtes les garants.
Ceux qui ont choisi le difficile et beau métier de journalistes sont les premiers à savoir qu’il leur revient de jouer pleinement leur rôle au service de l’information.
Nous sommes sûrs que votre souci, rejoint le nôtre, et que vous aurez à coeur, dans la perspective de l’élection présidentielle du printemps 2017, de faire vivre la démocratie dans notre pays.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la France
Candidat à l’élection présidentielle