Dans un récent billet paru sur son blog, Jacques Attali livre une effarante leçon de choses, intitulée de ces quelques mots qui en résument le terrifiant message : "Débrouillez-vous! Selon lui, hormis une vague et facultative solidarité altruiste, il ne faut plus rien attendre de quiconque : ni de l'Etat, ni de sa famille, ni de quiconque, amis, proches, élus de proximité, employeurs, clients, simples passants,… Ce prétendu "éloge du réalisme", comme il le qualifie lui-même, doit soi-disant permettre au chômeur de créer son entreprise, au patron de PME de conquérir les marchés mondiaux, au travailleur pauvre de rendre son emploi "plus amusant et créatif" (sic !), à tous ceux que l'avenir de leur pays inquiète d'aller arpenter le vaste monde où l'herbe n'est pas toujours plus verte, mais presque. Capitulation politique et morale
De bonne mémoire, de la part d'un "sage" de la vie publique, je n'ai jamais lu pareille capitulation politique et morale, pareille invitation au néant. François Mitterrand, qui fut son mentor, doit s'en retourner dans la tombe ! Que le sentiment d'impuissance publique dans laquelle la France se débat plus douloureusement que n'importe quel autre pays développé (histoire oblige), témoigne du marasme dans lequel elle est tombée, dévaste le moral de la Nation et exacerbe les réactions de désespoir électoral, c'est indéniable. Mais que Jacques Attali ait le front de se lamenter de ce monde sans foi ni loi dont son propre credo libéral est largement coupable, sur ce monde qui est avant tout le sien, voilà qui est insupportable.
Ce dédouanement en bonne et due forme de l'avènement de la jungle euro-mondiale qui dépossède les nations et les démocraties du pouvoir de gérer leurs propres affaires, est d'une immoralité et d'une malhonnêteté sans borne. Jeter le bébé avec l'eau du bain Au-delà, on sent bien que notre "sage" se frotte les mains de ce triste état du monde, qui lui offre l'occasion de jeter le bébé avec l'eau du bain. La démocratie et la République sont malades ? Alors débarrassons-nous en une fois pour toutes et place à l'ère de la société de marché décomplexée, où les fauves de la finance rapace, "insiders" repus, et autres aristocrates de la politique, des médias et de l'entreprise, règnent en grands féodaux sur des masses d'anonymes prolétarisés et rendus responsables de leur triste condition.
En guise de nec plus ultra de la modernité, Jacques Attali nous sert tout bonnement un retour sans rémission vers le Moyen-Age le plus obscur. Bien sûr, on aura lu entre les lignes son éloge à Tocqueville, qui plaidait déjà il y a un siècle et demi pour une démocratie à l'américaine, débarrassée du despotisme d'Etat et fondée sur un individualisme coopératif, voire charitable. Le XXIe siècle n'est pas le XIXe Mais le XXIe siècle n'est pas le XIXe, l'utopie libérale n'est pas la réalité. Au paradis du libéralisme, les Etats-Unis, le creusement des inégalités et l'explosion des tensions sociales ont d'ores et déjà atteint un niveau inédit, qui fait craindre de sérieuses secousses. Imaginer qu'il suffirait de plaquer ce (contre-)modèle sur l'Europe et la France pour résoudre tous nos problèmes, est tout simplement irresponsable. Jacques Attali, adepte d'une idéologie de la liquidation de la Chose publique, nous jette un méprisant "débrouillez-vous" !
En écho à cet inquiétant leitmotiv, je dis au contraire aux Français : "unissez-vous!". Oui, unissez-vous pour restaurer la République, rétablir la liberté de la nation, relever notre démocratie si malade de néolibéralisme, redresser l'Etat et notre économie, renouer enfin avec une ère où il est possible, et même banal, d'espérer en l'avenir et de voir ses enfants mieux vivre que soi-même. La France survivra à la mondialisation La France, qui a mille fois failli périr dans son histoire, n'a pas attendu la mondialisation et l'Union européenne pour exister. Elle leur survivra. C'est à nous de nous unir pour faire revivre cette France que nous aimons et dont on veut nous rendre orphelins, pour satisfaire les intérêts insatiables d'une toute petite minorité. C'est ce patriotisme tranquille, serein mais résolu, que je vous invite à défendre en votant pour les listes de "Debout la France, ni système, ni extrêmes", le 25 mai prochain.