Retrouvez l’intégralité du discours de Nicolas DUPONT-AIGNAN !
Prise de parole motion de censure PLFSS Partie 2
Seul le prononcé fait foi
Madame la Présidente,
Madame la Première Ministre,
Chers collègues,
Bertolt Brecht, en son temps, écrivait avec ironie :
« Le peuple (…) a perdu la confiance du gouvernement. Et ce n’est qu’en redoublant d’efforts qu’il peut la regagner. Ne serait-il pas plus simple alors pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? »
Cette célèbre phrase résume parfaitement votre conception autocratique de notre démocratie.
Mercredi 25 octobre, à cette même tribune, avec une incroyable langue de bois, vous avez osé mentir droit dans les yeux à la représentation nationale.
Mensonge, car contrairement à ce que vous avez dit, vous n’avez jamais vraiment recherché des points d’accord avec les oppositions, mais seulement avec votre minorité.
Mensonge, car vous avez anticipé le rejet de votre budget sans, comme le faisaient vos prédécesseurs avant de déclencher le 49.3, laisser le temps aux députés de débattre et d’examiner tous les amendements.
Pour la 14ème fois, avec un air radieux, vous avez été fière d’empêcher l’Assemblée nationale de jouer son rôle de législateur et de bafouer la volonté populaire.
Car oui, aux élections législatives, les Français se sont exprimés, et ont refusé de donner une majorité à Emmanuel Macron, car ils ne voulaient pas le voir appliquer son programme.
Mais vous n’avez jamais accepté le résultat de ces élections.
Ne vous en déplaise, les députés, représentants du peuple, sont ici par la volonté des Français.
Tandis que vous, Premier Ministre, n’êtes ici que par la volonté d’un seul homme.
Il y a un conflit de légitimité démocratique entre le Président de la République et l’Assemblée nationale, élus à deux mois d’intervalle.
Croyez-vous d’ailleurs que vous allez pouvoir encore, pendant 3 ans et demi, multiplier les 49.3, sans que les Français soient de plus en plus nombreux à en être scandalisés et au risque d’alimenter le discrédit total de nos institutions républicaines ?
C’est pourquoi le Général de Gaulle avait prévu le référendum ou la dissolution, en cas de crise, pour donner aux Français le pouvoir d’arbitrage ultime.
N’oublions jamais l’article 2 de notre Constitution, que vous piétinez, le principe de la République est : le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Si vous êtes si sûre de votre politique sociale, pourquoi n’osez-vous pas le référendum ?
Mais vous n’en voulez jamais, ni sur l’immigration, ni sur les retraites, ni sur l’Union européenne.
Vous ne respectez pas le peuple.
Vous ne respectez pas davantage les corps intermédiaires.
Votre projet de loi a d’ailleurs été rejeté par le conseil de la caisse nationale de l’assurance maladie, par les fédérations hospitalières, par la fédération nationale des infirmiers, par les syndicats.
Et première fois dans l’histoire, par les oppositions en commission.
L’ensemble du pays vous exprime avec bon sens son refus de cette loi de financement, et vous avez l’inconscience de vouloir toujours passer en force.
Avec ce projet de loi, rien n’est fait pour redonner une bouffée d’oxygène à notre système de santé et stopper sa déliquescence.
- Rien sur les déserts médicaux ;
- Rien de sérieux sur la pénurie de soignants et de médicaments ;
- Rien de sérieux sur les fermetures d’hôpitaux et d’urgences ;
- Rien de sérieux sur la politique familiale ;
- Rien de sérieux sur l’indispensable chasse aux gaspillages pour garantir le financement de soins de qualité partout sur le territoire.
Mes chers collègues, il est urgent de censurer enfin ce Gouvernement pour l’empêcher de nuire davantage.
Il est urgent d’en finir avec cette mascarade parlementaire.
Les Français nous regardent et sauront distinguer ceux qui sont cohérents dans leur vote de ceux qui n’ont d’opposition que le nom.
Pour ma part, vous ne m’aurez pas à l’usure, et je voterai, 49.3 après 49.3, comme toujours la censure car je suis convaincu que c’est l’intérêt supérieur du pays.