L’Union européenne tombe… et entraîne dans sa chute le reste du monde

Dernièrement, le Parlement européen a voté en faveur de la proposition de Directive de la Commission européenne sur la réciprocité dans l'accès aux marchés publics étrangers.

 

Pour expliquer simplement de quoi il en retourne : désormais, une entreprise étrangère ne pourra accéder aux marchés publics d’un Etat qu’à la condition que son pays d’origine ouvre lui aussi ses marchés publics à la concurrence.

 

De prime abord, c’est une sage décision qui valide notre discours : la Commission reconnaît enfin que la dérégulation folle qu’elle a tant vantée a créé des déséquilibres économiques majeurs. Michel Barnier, le commissaire chargé du Marché unique a même lancé un tardif mais salutaire : « l’Union européenne doit cesser d’être naïve ».

 

Pour mémoire en effet, la Commission Européenne estime que 95% des marchés publics européens sont ouverts aux entreprises étrangères contre seulement 32% aux USA, 16% au Canada, ou encore 28% au Japon qui interdit par exemple l’accès des entreprises européennes à son marché des transports publics… Selon les chiffres fournis par le Sénat, la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil n’ont ouvert aux entreprises étrangères aucun de leurs marchés publics. Exiger dans ce cas la réciprocité est un impératif à la fois pour la survie de nos entreprises et pour l’équilibre de nos échanges.

Néanmoins, derrière une directive qui se voudrait sagement protectionniste se cache en fait toujours la même volonté pour les technocrates européens de déréguler intensément les marchés. L’objectif de la Commission, et du MEDEF qui s’est fait le promoteur de ce projet, est avant tout de déréguler les marchés étrangers, et non de protéger les marchés européens. En effet, en aucun cas le texte ne prévoit la possibilité pour un état de protéger ses marchés publics. Cette mesure n’a donc pour finalité que d’accélérer le phénomène de mondialisation et non de protéger une Union qui en aurait pourtant bien besoin.

En croyant rétablir l’équilibre entre les états, le Parlement a au contraire créé une nouvelle source de déséquilibres. En effet, des relations équilibrées ne peuvent s’obtenir qu’en permettant à chaque état de réguler ses marchés. En mettant tout le monde au point zéro, cette directive ne fait qu’entrainer le monde dans le trou noir économique que constitue l’Union-Européenne. 

Tous les pays dont les Etats maitrisent leur économie connaissent des taux de croissance supérieurs à celui de l’UE. Les dogmes de la dérégulation ont mené l’Union là où elle se trouve aujourd’hui : aux pieds d’une croissance quasiment nulle et d’un taux de chômage qui crève le plafond.

Alors qu’il serait plus logique de s’inspirer des modèles économiques qui réussissent et ainsi de laisser libre les états de l’UE d’ouvrir ou non leurs marchés publics comme le font tous les autres pays du monde, les technocrates préfèrent obliger les autres à appliquer ce qui ne marche pas chez nous.

Si les Etats recouvraient leur liberté, ils pourraient coordonner leurs politiques publiques avec leurs politiques économiques et ainsi choisir de rendre prioritaires les entreprises, et donc les emplois, des français.  Cela permettrait à l’Etat d’agir dans l’Intérêt national, mais aussi de choisir quand faire marcher la concurrence. Les solutions pour l’emploi et la croissance sont pourtant simples, mais c’est dommage que de Bruxelles, on refuse encore de les voir.

 

Laure Ferrari

Déléguée nationale à l’Europe des Nations et des projets

Candidate DLR aux européennes dans la région Grand Est