L’UE impose le retour des farines animales

 

23 février 2013, Français Hollande affirme catégoriquement : « la France s’oppose aux protéines animales. La France a voté contre, et la France n’introduira pas ces protéines animales pour ce qui la concerne ».

 

1er juin 2013, les protéines animales sont de retour en France, sur décision de la Commission européenne.

 

Ces farines animales ont été à l’origine dans les années 1990 de la maladie dite de la vache folle, qui a fait au total plus de deux cents victimes humaines. C’est pour protester contre la décision de l’Union Européenne d’autoriser leur réintroduction dans l’alimentation des poissons d’élevage que je me suis rendu ce matin au Ministère de l’Agriculture, pour offrir au Ministre Stéphane Le Foll des poissons élevés aux farines animales. Cette action symbolique a été menée afin de soutenir le fort désaccord qui existe à la fois chez les producteurs et les consommateurs en France à l’encontre de la levée d’interdiction sur les protéines animales décidée par Bruxelles.

 

La France n’a pas à se laisser dicter des règles absurdes et envers lesquelles elle est en désaccord, et ne doit donc pas appliquer ce nouveau règlement. On s’aperçoit encore de l’effet néfaste de l’application du principe de majorité au sein de l’UE, et de la perte du droit de veto de chaque Etat, qui conduit à se voir s’imposer chez soi des règles dont on ne veut pas.

 

En plein scandale de la viande de cheval, Bruxelles prend le risque de provoquer un nouveau désastre alimentaire, ce qui montre encore une fois le fossé qui sépare ces technocrates des préoccupations quotidiennes des citoyens. Sous le prétexte de baisser les coûts de la production piscicole, le principe de précaution est délaissé. A des fins de stricte rentabilité commerciale, la santé des consommateurs est une fois de plus mise en danger.

 

En 1990, la Commission européenne avait estimé que les animaux atteints par l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), plus connue sous le nom de maladie de la vache folle, n’étaient pas dangereux pour la santé humaine[1]. Le flair dont elle sait faire preuve en matière de précaution n’est donc plus à démontrer… Elle ne sait tirer aucune leçon du passé, ce qu’illustre aussi sa décision ahurissante, le 4 février dernier, de ne plus obliger le dépistage systématique de l’ESB dans les Etats membres de l’UE[2]. Lorsque l’on sait que la viande transite sans presque aucun contrôle depuis l’Europe de l’Est jusqu’à la distribution française, comme l’a révélé au grand public l’affaire de la viande de cheval, il y a de quoi s’inquiéter.

 

L’inconscience des décisions prises par la Commission européenne n’a d’égale que l’aveuglement du cercle médiatique sur un sujet qui concerne pourtant directement l’assiette de chacun d’entre nous. Les journalistes français ont décidé de censurer toute information susceptible d’écorner l’image de l’Union Européenne, afin de toujours présenter au public le même tableau bien lisse d’une Europe qui pourtant semble avoir perdu tout sens des réalités.

 

Jean-Pierre Enjalbert
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national à la Transition environnementale



[2] http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2013:035:0006:0007:FR:PDF