L’espoir de nos amis de l’AfD

Dimanche le parti Alternativ für Deutschland (AfD) a réalisé le score de 4,7%, frôlant une entrée au Bundestag. Pour un parti créé il y a 6 mois, c'est un exploit retentissant. Avec sa vison neuve de l'Europe et avec son programme alternatif, AfD partage de nombreux points communs avec DLR. Laure Ferrari, en charge des questions européennes à DLR, nous explique la portée de ce score historique.

 

Les tentatives d’associer un parti qui protège les intérêts nationaux allemands à la montée d’un neo-nationalisme allemand n’auront pas fonctionné ! Les beaux résultats du parti anti-Euro Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne) aux dernières élections démontrent une méfiance grandissante à l’égard de la monnaie unique.

Une culpabilité intergénérationnelle  pèse sur l’inconscient collectif de nos voisins allemands et c’est sans nul doute grâce à ce sentiment que l’intégration européenne  a pu se faire jusqu’à présent. S’il est difficile pour les eurosceptiques de faire entendre leur voix à travers l’Europe sans être taxés de nationalisme c’est une mission qui relève quasiment de l’impossible outre-Rhin. De surcroit, une situation privilégiée par rapport à l’Euro, lui assure une croissance économique inégalée empêchant une prise de position dénuée d’intérêt.

En effet, la monnaie unique lui a été taillée sur mesure et son économie basée sur les biens et les services industriels réalise 63% de ses exportations avec le reste de l’Europe lui permettant une croissance économique qui compense ses dettes. Ainsi donc les emplois allemands et la croissance économique allemande reposent sur cet euro fort qu’elle seule peut se permettre. Le succès d’Angela Merkel est d’ailleurs dû à la constance de cette politique qui défend l’Euro en toutes circonstances dans le but de préserver les intérêts nationaux tout en prônant et en imposant en parallèle la rigueur aux autres États membres.

Or, si les Allemands ne vivent pas la crise de l’euro de la même manière que la vivent les Grecs, ils n’en demeurent pas moins des garants du projet de l’Euro à part entière. En effet, l’Allemagne est le plus gros contributeur du Mécanisme Européen de Stabilité, puisqu’elle assure 27% de son financement (264,80 euros par contribuable allemand en 2012) de quoi agacer et décourager les plus incorruptibles partisans de la rigueur !

En obtenant presque 5% des voix, l’Alternative Für Deutschland fondé par le professeur d’économie de l’université de Hambourg  Berndt Lucke  au début de cette année, se fait le porte-voix humaniste de ces  opposants à l’Euro sans pour autant jeter la pierre aux pays en crise. En effet, comme l’a déclaré l’économiste au congrès de lancement du parti : « l’Euro menace l’intégration européenne dans la mesure où il appauvrit les pays non-concurrentiels et accable les autres de coûts liés aux sauvetages et de mesures d’austérité » puis d’ajouter en défense aux attaques à l’encontre des peuples grecs et espagnols : « Notre argent ne profite pas à ces peuples mais aux fonds de pensions américains, aux banques françaises et aux assureurs britanniques »

Les vrais Européens  sont nos amis de l’AFD, ceux qui prônent l’Europe des Nations et de la prospérité   plus que le   CDU qui impose sans concession sa politique de rigueur à toute l’Europe avec la collaboration de chefs d’États peu scrupuleux qui acceptent tout sans broncher et à n’importe quels coûts pour ne pas perturber «  l’harmonie » de l’Union Européenne.  Ce qui est certain c’est qu’avec 4,7% de vote à leurs premières élections, l’Alternative für Deutschland risque d’être le grand vainqueur des élections européennes de 2014. Avec une attitude décomplexée face à l’euro ils sauront séduire toute une partie de l’électorat de Angela Merkel en opposition à ses prises de position sur le sujet et qui n’auront pas osé franchir le pas aux dernières élections.

Laure Ferrari
Membre du Bureau national de DLR
Déléguée nationale à l'Europe des Nations et des Projets