Le Conseil National de la Résistance : une réussite commune qui appartient au peuple Français

Alors que les Etats-nations semblent condamnés à s’effacer au profit d’une mondialisation sauvage ; que le peuple perd une souveraineté chèrement acquise ; que la protection sociale s’amenuise de jour en jour ; que l’extension de la misère est exponentielle et que, face à ce désastre humain et social, une majorité de parlementaires se couche devant les diktats de la finance, ne serait-il pas utile que tous les élus, faisant pour une fois leur devoir, se séparent de ceux qui font de la politique une carrière personnelle, et qu’ils s’unissent pour sauver au moins ce qui reste de l’Etat-Nation France ?  Pouvons-nous laisser disparaître dans les poubelles de l’Histoire tout ce que les Anciens nous ont laissé ?

Un exemple s’impose à nous, le Conseil National de la Résistance. Il représente l’Union des Patriotes, un programme politique extraordinaire, et même plus qu’un programme : une réalisation ; une réussite.

Il est aujourd’hui de bon ton de dénigrer le passé. Souvenons-nous d’un certain Denis KESSLER[1], déclarant en 2007 au magazine économique « Challenges » : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil National de la Résistance (…). Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du C.N.R. ».

Il vous arrivera,  du moins pendant quelques temps encore, d’entendre ceux qui nous gouvernent actuellement célébrer le C.N.R. Nous pouvons douter qu’ils évoqueront (par exemple à l’occasion de cette journée d’hommage à la Résistance récemment créée) ses acquis : généralisation de la Sécurité Sociale (pas totalement réussie il est vraie), la nationalisation de l’énergie, des banques et des assurances, la consolidation des services publics… toute une œuvre dont nous profitons encore aujourd’hui.

Probablement conscients  de leur participation active à la destruction de l’œuvre accomplie  par des hommes dont certains furent torturés et assassinés, une évocation objective et complète de cette page de l’histoire de France risquerait en effet d’être pour eux pleine de dangers.

En effet, lorsqu’on évoque ceux à qui nous devons ce Conseil National de la Résistance et ses réalisations, la réponse commune est Jean Moulin, investi par le Général de Gaulle. C’est vrai, mais bien insuffisant. La composition du Conseil mérite plus d’attention.

Le propos aujourd’hui est bien de mettre en valeur le courage et la lucidité des membres du C.N.R. qui, contre un occupant barbare, contre un gouvernement niant la République, avec peu de moyens, peu de personnels, dans un pays détruit, eurent la volonté de s’unir pour lutter et construire.    

Le C.N.R. était en effet composé des représentants des principaux mouvements de résistance, des principaux partis de la IIIe République, d’un représentant de la C.G.T. et d’un représentant de la C.F.T.C.

Nous ne citerons que quelques noms :               

-Eugène Claudius Petit (libertaire) mouvement « Franc-Tireur » ;

-Jacques Lecompte-Boinet : « Ceux de la Résistance » (industriels, officiers de réserve) ;

-André Mercier,  Parti communiste ;

-Jacques Debû-Bridel, Fédération République (droite bourgeoise et catholique) etc..

Quelle variété ! Quelle volonté d’aller au delà des clivages traditionnels et des désaccords personnels !      

Nous sommes bien loin de l’esprit de chapelle qui régit désormais nos prétendues élites politiques. Rappelons-nous de ces hommes qui firent abstraction de leurs divergences, plaçant leur patrie au-dessus des querelles ; et souvenons-nous du progrès social qu’ils nous ont légué. Rien de ce qu’ils ont créé n’aurait pu se faire sans ce dépassement à la fois personnel et politique, d’hommes et de femmes soucieux d’abord du bien commun.

Aujourd’hui, quelles que soient leur appartenance politique et leurs erreurs passées, ceux qui veulent vraiment arrêter le désastre, rétablir les acquis républicains (notamment ceux issus du programme du Conseil National de la Résistance), ceux-là dans leur totalité doivent s’unir, avoir ce courage si nouveau de se dire patriotes, et quitter le jeu politicien qui n’amuse que ses bénéficiaires.  

Maxime Thiebaut
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national à la Génération de la Reconquête

 


[1] Denis KESSLER, ancien maoïste converti aux joies de l’ultralibéralisme, a été administrateur de la banque B.N.P. Paribas, de Bolloré-Investissement, de Dassault-Aviation, et adjoint du baron Antoine SELLIERES au M.E.D.E.F. Aujourd’hui il est P.D.G. de S.C.O.R., entreprise de réassurance. On comprend mieux tout son intérêt pour la disparition du modèle social français : quand la privatisation du social sera enfin accomplie, ce seront les compagnies d’assurance, comme aux Etats-Unis, qui donneront le ton.