Il y a quelques jours, l’émission Cash Investigation nous ouvrait les portes des fermes à fourrure en Chine, où l’on pouvait voir des animaux maltraités, élevés dans des conditions abominables et dépecés seulement une minute après leur saignée. Certaines grandes marques du luxe n’ont visiblement aucun scrupule à acheter ces peaux alors qu’elles connaissent la réalité de ces usines de la mort qui contrastent avec le monde lumineux des podiums des défilés de mode.
Mais nous ferions mieux de balayer devant notre porte avant de pousser des cris d’orfraie. En effet, en France, les conditions d’élevages des animaux dans les fermes à fourrure sont loin d’être exemplaires en matière de respect du bien-être animal. Les lapins orylag et les visons grandissent dans des cages collectives étroites, grillagées au sol et ils sont séparés à l’âge adulte afin d’éviter qu’ils ne s’entretuent et se blessent. Ils ne voient jamais la lumière du jour et les conditions d’hygiène peuvent être déplorables (parasites, poussière, excréments, cadavres non retirés des cages collectives…). Les infrastructures en elles-mêmes sont en très mauvais état dans certains élevages, comme l’ont révélé les enquêtes de L214. Les visons, animaux semi-aquatiques, ne peuvent évidemment pas nager dans un bassin. Les conséquences sont désastreuses pour l’animal qui peut développer un comportement anormal, du stress et des maladies, y compris de peau, alors que les éleveurs devraient en prendre soin. Et que dire des conditions d’abattage ? Asphyxiés au monoxyde de carbone, certains y survivent et sont donc dépecés vivants.
Chaque année, dans le monde, 56 millions d’animaux sont tués pour leur fourrure. Néanmoins, on constate une certaine prise de conscience dans le milieu de la mode, qui fait suite à un attrait croissant pour la cause animale et donc une sensibilisation au sort réservé à ces animaux élevés pour leur peau. Par ailleurs, selon un sondage IFOP réalisé au début de l’année 2018, 86% des français souhaitent la fin de l’élevage des animaux pour leur fourrure. Quelques grandes maisons internationales ont su être à l’écoute de ces revendications et ont délaissé la fourrure comme Burberry, Armani, ou encore Versace. Ce réveil des consciences n’aurait sans doute pas été possible sans l’immense travail des associations qui ont mené des campagnes de sensibilisation pour interpeller la population et les pouvoirs publics.
La conséquence de ce rejet des fourrures animales est, au cours de ces dernières années, la fermeture d’un grand nombre de fermes. Alors qu’on en dénombrait 285 en 2010, il n’en reste aujourd’hui qu’une quinzaine. Bien que cette filière semble s’éteindre progressivement, la France s’honorerait à interdire l’exploitation des animaux pour leur fourrure, comme de nombreux pays l’ont déjà fait. Le dernier en date, la Norvège, pourtant l’un des plus importants pays fournisseurs au monde, montre la voie à suivre : d’ici 2025, la production aura complètement cessé et les fermes auront été démantelées.
Alors que les techniques actuelles permettent de faire des fourrures synthétiques de qualité, comment pourrions-nous accepter que de tels actes de cruauté envers des animaux persistent sur notre sol ?
C’est pourquoi Debout La France demande la fermeture des fermes à fourrure, tout en proposant d’accompagner les derniers éleveurs dans leur reconversion dans un autre secteur.
Anne-Sophie FRIGOUT Nicolas Dupont-Aignan
Déléguée Nationale à la dignité animale Député de l’Essonne, Président de Debout La France