Il est regrettable que le gouvernement catalan ait décidé de se lancer dans l’aventure de l’indépendance, en rupture avec le gouvernement constitutionnel de l’Espagne.
Sans aucun doute aussi ce gouvernement central a tout fait pour envenimer la relation alors que l’essentiel de la revendication était économique (et fiscal).
Car la Generalitat de Catalunya dispose déjà de libertés immenses : une langue officielle (y compris en justice et à l’université), une police, une administration…
Mais cette Autonomia git aussi sur un gigantesque endettement qui, en cas d’indépendance (et donc de transfert de charges habituel en cas de succession d’état) dépasserait 100% du PIB. En outre voici déjà que remontent les fantômes de l’histoire cruelle de la guerre civile, voire de la guerre de succession d’Espagne…Où la Galice (de Rajoy), Madrid et Barcelone ne furent pas du même camp…
Pour ce qui concerne la France, rappelons les menées inacceptables des autorités la province espagnole, contre l’intégrité et la souveraineté de la France lorsque, en toute impunité, Carme Forcadell, présidente de l’Assemblée régionale autonome (se disant Assemblea nacional catalana) s’est rendue à Perpignan fin avril 2016.
D’abord reçue par le maire de Perpignan, elle a ensuite rencontré à la Casa de la Generalitat de Catalunyia, qui y a pignon sur rue, une quinzaine de maires et élus français du département des Pyrénées-orientales et des journalistes pour y faire (L’Indépendant, Eurorégion, 3/05/16) des déclarations attentatoires à l’intégrité de la République française.
La question (subversive, posée par le journal) était : « la Catalogne nord (sic)[c’est le département français des Pyrénées orientales…] peut-elle jouer un rôle dans ce processus ? [le projet d’élection d’une constituante catalane].
« En cas d’indépendance, quel sera le statut du territoire nord-catalan (sic) ?
Forcadell répond :« Comme je l’ai précédemment dit aux maîtres de ce territoire (sic; s’agit-il de l’État français?)…ce processus sera bénéfique pour la Catalogne, pour l’Espagne et pour la Catalogne du nord …avec [qui] nous partageons une histoire….vous êtes la Catalogne du nord.
Pour nous cette frontière administrative (sic) n’existe pas…» Pour elle le département français n’est qu’un « petit bout de Catalogne en territoire nord catalan ».
La suite de cette réunion entre ce représentant d’une autorité politique étrangère, séparatiste et annexionniste avec des élus français, s’est déroulée, à huit clos…
Rappelons que le gouvernement français lui même s’est prêté, dès 1997, à la création de MOT (Mission opérationnelle transfrontalière), aujourd’hui dévoyée dans une dérive d’annexion larvée.
Sur le site de cette officine bruxelloïde on lit: »L’espace catalan transfrontalier (sic) regroupe plus d’un million d’habitants et s’étend sur 10 000 km2, du département des Pyrénées-Orientales côté français (Catalogne Nord)(sic) à la Région de Gérone en Espagne (Catalogne Sud). L’idéologie bruxelloise (dite »Europe des régions »), d’autant plus dangereuse qu’elle s’inscrit dans une Europe fédérale, mondialiste et atlantisée, a incité les organes officiels de cette province à une telle impudence qu’elle aurait dû être alors dénoncée et réprimée, et Mme Forcadell interdite de séjour sur le territoire français et reconduite à la frontière.
D’autres insultes diplomatiques graves, connues mais restées tout aussi impunies des consternants Fabius et Cazeneuve. avaient précédé. Ainsi – toujours sur le sol français- un ressortissant espagnol, Germa Gordo, conseiller de la Generalitat, avait déclaré que la Catalogne indépendante »concéderait volontiers la nationalité à ses voisins [dont] le Roussillon »(Le Monde, 02/09/15).
Il n’est certes pas question de remettre en cause les libertés locales, notamment culturelles qui fondent la richesse de l’Europe des Hommes en Espagne, en France et ailleurs.
Mais le risque est grand que le dogmatisme, la raideur, la gloriole des uns au des autres émiettent les nations d’Europe pour les laisser affaiblies et dociles face à Bruxelles.
Affaiblir les nations renforcera certes en apparence ce Léviathan; mais si on affaiblit les composantes on affaiblira fatalement l’ensemble.