François Hollande déjà dans l’impasse

Alors même qu’il n’est pas encore en fonction, le Président Hollande vient aujourd’hui de se voir signifiée sa feuille de route par la Commission Européenne, par la voix du commissaire de Bruxelles  en charge des Affaires économiques, Olli Rehn.

Au passage, ce dernier  a enfin avoué que la zone Euro était entrée en récession avec un recul prévisible de l’activité économique de -0.5% pour la zone Euro et de 0% pour l’ensemble de l’Union Européenne en 2012.

La prévision de croissance serait d’à peine 1% pour 2013, dont 1.4 % pour la France.

Du coup, la commission annonce que le déficit budgétaire français serait de plus de 4% en 2013. Le taux de chômage dans la zone Euro ne descendra pas en dessous des 10%.

On ne chipotera par sur les chiffres fournis par ce gouvernement économique illégitime, mais sur les conséquences qu’il en tire, à savoir… continuer dans la même voie.

 "Des finances publiques saines constituent une condition indispensable pour une croissance durable, et nous devons profiter du nouveau cadre renforcé de gouvernance économique pour stimuler l'ajustement en accélérant les politiques de nature à promouvoir la stabilité et la croissance" a déclaré ce ministre économique européen de l’ombre que personne n’a élu.

Ceux qui savent lire ce charabia savent qu’il faut traduire par :   “poursuite du tour de vis budgétaire à tous les niveaux et dans tous les pays”.

La Commission de Bruxelles est donc en phase totale avec la Chancelière allemande qui vient aujourd’hui même de réaffirmer son opposition “à la croissance à crédit ”, c’est à dire à toute politique de relance économique par la Banque Centrale Européenne.

Les uns et les autres sont donc en opposition de fond avec la ligne de François Hollande qui voudrait renégocier le dernier traité de stabilité budgétaire signé en Février par Nicolas Sarkozy, en y ajoutant un volet “croissance”.

On a voulu faire croire que la position prise le 25 avril 2012 par  Mario Draghi, Président de la Banque Centrale Européenne, penchait du côté du point de vue de François Hollande: il n’en est rien.

Comme la Commission, comme la Chancelière allemande, le Président de la BCE ne veut pas d’une relance économique par les fonds publics, il veut la poursuite des “réformes structurelles”, c’est à dire la poursuite du démantèlent du droit du travail, plus de flexibilité aux dépends des salariés.

La position de la Commission de Bruxelles et de l’Allemagne est de leur point de vue parfaitement logique. Dès lors que l’on accepte le principe du libre-échange mondial, dont l’importance vient d’être précisément réaffirmée par Berlin, la seule façon d’obtenir de la croissance est d’être plus compétitif face au reste du monde, en pratiquant des salaires à la baisse.

Si l’on refuse toute politique d’intervention de l’Etat pour relancer l’économie, et donc augmenter les recettes, le seul moyen de réduire le déficit budgétaire est de réduire les dépenses.

Dans cette optique, une relance économique par les fonds publics ne fait que de verser de l’eau dans un puits sans fond….comme le montre à sa manière l’exemple tragique de la Grèce.

Et c’est pourquoi la fin de l’Euro est programmée : c’est maintenant l’Espagne qui va avoir besoin d’aide pour financer une économie exsangue et pour des sommes dix fois supérieures à celle injectées en pure perte en Grèce.

La position orthodoxe ultralibérale est conforme aux intérêts de l’économie allemande – mais pour combien de temps ? – et surtout conforme aux intérêts des grands groupes qui délocalisent hors d’Europe et à ceux de la finance spéculative.

Il est logique de penser que ses défenseurs cesseront bientôt aussi de vouloir remplir le tonneau des Danaïdes des économies du sud de l’Europe ravagée par le libre-échange intégral.

La position de François Hollande est belle et bien doublement  inconséquente, sur la croissance et sur l’Euro.

Il veut une initiative de croissance,  mais sans toucher au libre-échange qui gouverne l’Europe depuis trente ans. Or il est parfaitement impossible pour les économies européennes d’espérer retrouver une compétitivité avec les pays émergents sans continuer à tirer les salaires vers le bas, c’est à dire poursuivre le désastre social.

Il veut une relance de la croissance, mais sans toucher au principe de l’équilibre budgétaire, et sans toucher à l’Euro,  alors même qu’il faudrait pour le sauver s’apprêter à injecter des sommes vertigineuses en Espagne !

François Hollande ne peut donc pas appliquer la politique de l’entre-deux-chaises qui est la sienne. Les français l’ont élu par rejet du double langage cynique de Nicolas Sarkozy. Mais ils vont rapidement constater, comme ils le pressentaient déjà, qu’il est incapable de résoudre la crise profonde dans laquelle nous sommes enfermés.

Les idéologues socialistes ont une réponse : encore plus d’unité européenne, de fédéralisme, un seul gouvernement économique pour l’Europe ! Malheureusement, une telle solution suppose le problème résolu : qu’on soit d’accord sur la politique à mener. Et une telle fuite en avant achèverait de transformer l’Union Européenne en monstrueuse machine gouvernant par dessus les peuples. 

Quand à l’UMP, ne comptez pas sur elle : Valérie Pécresse vient de déclarer que le président élu ferait bien ….d’écouter la Commission de Bruxelles.

La seule solution stratégique est celle qu’à préconisé Nicolas Dupont-Aignan : rétablir un protectionnisme intelligent et ciblé aux frontières et retrouver une monnaie capable de fiancer les Etats sans engraisser les banques, et capable d’injecter dans l’économie la relance nécessaire.

Ces deux aspects sont liés et cohérents. Ils sont la seule voie d’avenir.

C’est pourquoi Debout la République continue avec conviction et opiniâtreté au travers des élections législatives le combat mené par Nicolas Dupont-Aignan lors de la présidentielle.

 

François MORVAN

Vice-président de Debout la République