Flexisécurité : le piège des « complémentaires »

 

La “flexisécurité” proposée par le gouvernement rappelle la composition du célèbre pâté d’alouette, remis au goût du jour par le scandale européen de la vraie-fausse viande bovine : 80% de cheval, c’est à dire 80% de flexibilité et 20% de sécurité.

Pour faire passer la pilule, on allèche les salariés avec le financement à 50% par l’entreprise d’une “complémentaire santé” , c’est-à-dire d’une mutuelle ou d’une assurance, qui deviendrait obligatoire.

Faut-il le rappeler ? Une mutuelle, en théorie à but non lucratif, et pire encore une assurance complémentaire, à but lucratif ouvert, n’ont plus rien à voir avec la Sécurité Sociale. Celle-ci a pour principe que chacun cotise selon ses revenus pour un même droit aux soins et aux remboursements. C’est un fondement de la République en matière de soins et de santé.  Les taux de cotisation sont décidés nationalement et sont les mêmes pour tous.
Une complémentaire santé est bien différente : le remboursement est proportionnel aux cotisations: plus vous cotisez, plus vous êtes couvert. Le tarif des cotisations est fixé par chaque mutuelle et chaque assurance, de même que ses taux de remboursements.

En présentant ce dispositif comme un progrès, le gouvernement précipite encore un peu plus les Français dans un système de protection santé à l’américaine : les plus riches bénéficieront des meilleures couvertures. En refusant de relancer l’emploi par une politique d’investissement et de refus du libre-échange déloyal, en continuant a s’agenouiller devant les intérêts des banques et des groupes financiers qui délocalisent l’activité hors de France, le gouvernement Hollande  comme hier le gouvernement Sarkozy, prive la protection sociale et l’assurance-maladie de 10 milliards de recettes annuelles. En ne s’attaquant pas de front à la gabegie des médicaments pour plaire aux industriels de la pharmacie, il se prive de toute économie structurelle sérieuse.

Dans ces conditions, il n’a plus aucune marge de manœuvre : ni pour revaloriser les honoraires des médecins et de soignants, sous-payés, ni pour rembourser correctement  les soins par la sécurité sociale. La généralisation obligatoire des complémentaires, où les contrats négociés par les entreprises retireront aux  les salariés de toute liberté de choix, est une privatisation supplémentaire de la santé inacceptable. Cette privatisation qui se poursuit touche encore davantage  les français dans l’accès aux soins primaires : consultations de base, soins dentaires, soins oculaires, prévention et dépistage.

Une raison de plus pour s’opposer à la flexisécurité qui demande toujours plus au peuple pour plaire aux intérêts de la finance.

François Morvan
Vice-Président de DLR
Délégué national au Bien-Etre et à la Santé