De la banalité du harcèlement de rue à l’abandon des pouvoirs publics

Depuis trop d'années la juste cause des droits des femmes est abandonnée à quelques mouvements idéologiques minoritaires qui se consacrent à des combats d'arrière garde sur la féminisation des noms. Pendant que les "féministes" auto proclamés continuent leur chasse aux chimères, la liberté quotidienne des françaises a été assaillie par des incivilités et des comportements odieux, trop souvent violents. Un certain nombre de vidéos réalisées par des femmes dans quelques capitales occidentales ont montré comment nos concitoyennes pouvaient être exposées aux violences verbales décomplexées quotidiennement dans l'espace public. Parmi le fourmillement incessant des villes, elles subissent en premier lieu l'amère réalité de ces humiliations.

Cette violence ordinaire pullule dans nos rues, symbole d'une régression de nos droits les plus fondamentaux. Elle fait naître ce sentiment d'insécurité trop souvent partagé. Véritable outrage, le harcèlement de rue, porte atteinte non seulement à la dignité humaine, mais aussi à la liberté. L'espace public n'est pas réservé aux hommes et la libre circulation des femmes n'est pas une faveur accordée, elle est un droit. Récemment, une étude alarmante de la fondation Thomson Reuters démontrait que Paris est la 11ème ville la moins sûre au monde pour les femmes dans les transports, derrière Manille, aux Philippines. Un fait de société qui fait écho à toutes les autres formes de violence infligées, qu'elles soient physiques ou sexuelles. La parole des femmes est encore, trop souvent, décrédibilisée, minorée et, finalement, réduite au silence. Elles sont les premières victimes de la lâcheté politique, de l'abandon de la lutte pour la protection des victimes. Si en théorie, des lois existent contre le harcèlement sexuel et les injures sexistes, les plaintes n'aboutissent presque jamais dans les faits. Un peu partout en France émergent des actions pour sensibiliser l'opinion publique à ce fléau.

Et parce qu'en réalité, aucune législation spécifique contre le harcèlement de rue n'existe dans notre pays, il faut que ces initiatives de sensibilisation soient prises conjointement avec des volontés politiques fortes. Des débats fusent au Royaume-Uni sur la nécessité de réserver des wagons strictement féminins, idée propulsée par la ministre des transports britannique en raison de la hausse continuelle inquiétante des agressions sexuelles dans le métro. Certains voudraient ainsi sacrifier l'égalité des sexes et rétablir la ségrégation au nom d'une sécurité qui n'est qu'apparente. Si la lutte contre les stéréotypes est une nécessité, elle doit se mener dans l'altérité et le respect des sexes. Loin des discours creux, des poncifs et des idéologies expérimentales, cette violence symbolique ne peut proliférer éternellement dans nos rues, en toute impunité, sans rappel à l'ordre. En Belgique, le problème a déjà été pris en charge par les pouvoirs publics.

Des poursuites devraient pouvoir être engagées sur la base de flagrant délit par la police sans passer par le parquet, par une imposition immédiate d'une amende administrative. De plus, des policières en civil devraient pouvoir effectuer des prospections dans les lieux publics et sanctionner les délits. Les plaintes des victimes doivent aboutir et les peines être appliquées. Il nous faut combler le vide juridique actuel par un nouvel article dans le code pénal exclusif au harcèlement de rue. La protection effective de nos droits ne doit pas rester lettre morte. La mise en œuvre de deux types de politiques semble donc indispensable : La prévention : – Enseignements civiques en faveur de l'égalité des sexes : il est nécessaire dès le plus jeune âge de lutter contre les stéréotypes au quotidien par la promotion de l'égalité des sexes, dans le respect de l'altérité et des familles, sans tomber dans l'idéologie expérimentale de la théorie du genre.

La sanction : – La reconnaissance du harcèlement de rue comme un délit, alors qu'il n'existe pour le moment pas dans le code pénal, la gravité du harcèlement de rue et sa généralisation exigent de le considérer comme un délit. La rédaction d'un nouvel article dans le code pénal visant à catégoriser le harcèlement de rue dans les délits accorderait davantage de moyens juridiques dans la lutte contre ce comportement et imposera des réserves quant à sa pratique. – Instaurer une amende lors d'un flagrant délit : entre 75€ et 250€ d'amende pour des insultes raciales, homophobes, sexistes, et jusqu'à 1000€ d'amende et jusqu'à 1 an de prison ferme pour des comportements odieux portant atteinte à la dignité de la victime. – Communiquer les mains courantes dans le cadre de harcèlements aux procureurs : le dépôt de plainte est la condition sine qua non au lancement de l’arsenal judiciaire.

 

Or, aujourd’hui nombreuses sont celles qui déposent une main courante au lieu d’une plainte, ne permettant pas à l’acte de violence de faire l’objet d’un suivi ou de poursuites. Il est donc nécessaire que chaque main courante de violence conjugale ou de harcèlement soit automatiquement communiquée au procureur qui lui aura la capacité de lancer l’enquête. – Créer des "brigades féminines en civil" : la mobilisation de policières en civil est un bon moyen de pouvoir punir tout type de harcèlement de rue suite à un flagrant délit. – Etablir des peines planchers en cas de récidive : en cas de récidive, par l’application d’une peine plancher d’un minimum de 8 jours de prison. Il est temps de ne plus s'aveugler sur les comportements insupportables qu'endurent nos concitoyennes, véritable régression des libertés des femmes. L'accès à la sécurité, au respect, à l'égalité, et à la liberté de circulation des femmes dans notre République ne se négocient pas. Adeline El Idrissi Délégué Debout les Jeunes Île et Vilaine