Automobile : l’incroyable hold-up des Etats-Unis en Iran

 C’est un papier hallucinant du Figaro, qui revèle le double jeu des autorités étasuniennes en Iran. Après avoir imposé à PSA d’abandonner l’assemblage de près d’un demi-million de véhicules, les Etats-Unis font pression sur Renault tout en se préparant à rafler la mise en cas de détente diplomatique.

 

Les Français passés au karcher

C’est un des aspects peu connus de la crise de PSA. Le constructeur français vendait 458 000 voitures en Iran en 2011 (dont les pièces détachées étaient fabriquées en France, puis assemblées en Iran). Il était le leader incontesté du marché, position qui génère, en général, des profits substantiels. Mais l’accord du constructeur français avec General Motors est venu torpiller cette position puisque l’administration étasunienne a décidé qu’il ne fallait pas commercer avec l’Iran. Résultat, le constructeur français s’est retiré du marché iranien. C’était le prix de la prise de participation de GM. Il serait bon que ceux qui glosent sur le manque d’internationalisation de PSA pensent à rappeler ce fait.

Depuis, c’est Renault qui tire les marrons du feu, avec sa Logan. Cependant, l’article du Figaro indique que l’administration Obama met aujourd’hui la pression sur l’autre constructeur français. Pire, il semble qu’il s’agirait d’une stratégie volontaire pour détruire les intérêts de la France en Iran, avant une détente diplomatique entre l’Oncle Sam et le régime iranien, qui permettrait alors aux entreprises étasuniennes de récupérer les positions qu’occupait PSA auparavant. C’est ainsi que GM aurait déjà fait une campagne de publicité et démarrer la vente de Chevrolet via à l’Azerbaïdjan.

 

Un marché de dupe

Il est difficile de ne pas voir l’accord passé entre PSA et GM comme une énorme arnaque. Cela explique peut-être le souhait des dirigeants du constructeur français de trouver un allié chinois pour ne pas dépendre du géant étasunien qui lui a fait le coup pendable de le priver d’un demi-million de véhicules vendus, qui explique une part non négligeable des difficultés actuelles de l’entreprise. Les révélations sur le double jeu des Etats-Unis sur le marché iranien, avec la préparation de l’ouverture du marché rendent d’autant plus troublantes les rumeurs d’une prise de contrôle de PSA par GM….

On se demande également où est passé le gouvernement français qui ne semble pas vraiment se soucier de la première filière industrielle du pays. Pourquoi Arnaud Montebourg n’a-t-il pas défendu PSA contre GM quand le yankee imposait à l’entreprise française de déguerpir d’Iran ? Pourquoi n’a-t-il pas proposé une aide au groupe français qui lui aurait permis de se passer de ces dollars qui l’asservissent et l’affaiblissent. Et il est révoltant aujourd’hui de constater que les pressions sur Renault ne soient pas dénoncées par le gouvernement. C’est bien beau de vouloir créer 34 nouvelles filières industrielles. Il faudrait d’abord défendre la première que nous avons, et qui est mal en point.

Dans ce jeu géopolitique, les intérêts de la France sont malheureusement défendus par des amateurs incapables de durcir le ton face aux Etats-Unis. Résultat, le coq gaulois se fait plumer par l’aigle yankee. Et après, on s’étonne qu’Aulnay ferme…

 

Laurent Pinsolle
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national à l’Équilibre des Comptes publics et au Patriotisme économique