La dramatique période que nous vivons actuellement, à quelques jours de la signature du Mercosur, m’inspire quelques réflexions. N’étant pas vétérinaire ni éleveuse, je me garderais bien de jouer à la spécialiste, mais force est de constater qu’on peut noter quelques similitudes troublantes avec la gestion de la crise du Covid.
La violence : violence de ces abattages massifs effectués du jour au lendemain, sans aucune empathie pour les éleveurs — on parle de dépeuplement (!) — l’abattage de tout le cheptel étant contesté par certains vétérinaires. Certains ont reçu des pressions de leur Ordre. On tue la confiance.
Violence des moyens mis en œuvre, complètement disproportionnés et faisant se retrouver face à face des éleveurs et des vétérinaires, des éleveurs et des gendarmes, qui n’ont a priori aucune raison d’être ennemis. Ce sont des frères, des parents, des Français, une partie de nous-mêmes qui, par la folie d’un gouvernement, se retrouvent à se faire face, des frères à la limite de l’affrontement. Ils affrontent « les leurs ». On tue la fraternité.
La disproportion et l’excès dans les moyens mis en œuvre — CRS, blindés, hélicoptères, gaz lacrymogènes — sont sidérants par leur inadéquation à la situation et indignes d’un pays qui dit protéger ses agriculteurs ; pendant ce temps, les délinquants et narcotrafiquants ont la voie libre et doivent bien rire de leur impunité. On tue la justice.
La disproportion et l’excès dans le langage employé : le 6 décembre, Madame la Ministre Annie Génévard parle « d’une maladie très très grave qui se propage à une vitesse foudroyante, une redoutable maladie qui peut entraîner la mortalité de 10 % du cheptel, c’est-à-dire 1 million et demi d’animaux ». Certains donnent des chiffres beaucoup plus bas. Aucun de ces chiffres ne s’appuie sur des données consolidées en France ou dans l’Union européenne, dont nous ne disposons pas à ce jour. Et, peut-être n’en posséderons-nous jamais, “parce qu’on ne laisse pas la maladie évoluer”, résume Pierre Casenave, vétérinaire. La peur est donc omniprésente dans toute communication du gouvernement qui agite l’épouvantail sécuritaire avec des gaz lacrymogènes : « nous sommes en guerre (tiens, encore ?) sanitaire ; l’ennemi, c’est le virus, et cette guerre, nous allons la gagner », nous dit très sûre d’elle Madame Génévard. Cela nous rappelle quelque chose ; on tue la paix civile.
Le principe de précaution doit s’appliquer, nous dit-on, pour justifier ces massacres généralisés de bêtes saines, afin que celles qui seraient infectées (asymptomatiques !) ne contaminent pas tout le troupeau. C’est l’absence de données sur le cheptel français et la vulnérabilité des races présentes qui justifie la précaution du gouvernement. Un “choix politique” qui vise à éviter le scénario du pire, redouté par les autorités face aux études internationales : « Si on laisse faire et que ça ne fait que 0,1 % de mortalité, tout le monde sera content. Mais si la littérature internationale est dans la bonne fourchette, pour le coup, ça serait dramatique pour le cheptel français », conclut l’expert du SNGTV.
Mais où était le principe de précaution quand on a injecté des millions de personnes par un produit à ARN messager encore en phase 3 d’expérimentation ? Il faut vacciner tout le cheptel français, soit !… Mais alors, pourquoi avoir attendu après le 1er cas déclaré le 29 juin en Savoie, sachant que ce vaccin protège environ 3 à 4 semaines après l’injection ? Certes, le vaccin n’est pas (encore ?) à ARN messager, mais en connaît-on ses effets secondaires et son efficacité ? On tue la science.
On parle de vache malade, mais avez-vous remarqué que l’on ne parle jamais de traitements ? On peut raisonnablement penser qu’il existe des traitements, des soins. Comme au moment de la crise Covid, la vaccination est le seul « traitement » connu.
L’État est là pour protéger, pour prendre soin, et en particulier de ses agriculteurs ; protège-t-on des vaches avec des blindés ? Protège-t-on des agriculteurs avec des CRS hyper-équipés ? Va-t-on éviter les suicides des agriculteurs (1 tous les 2 jours) avec des cellules psychologiques ??? Certes, la Ministre promet des indemnisations (2000 euros par vache), promet de nettoyer les lieux et de prendre en charge les pertes d’exploitation ; mais en attendant… elle n’est pas encore venue sur place. Le pouvoir est aux abois ; il divise. Il est fébrile pour envoyer de tels moyens. On tue le soin.
L’injustice, la colère et le désarroi bien légitimes, le désespoir, le mépris dont ils sont l’objet, l’obéissance à ces ordres venant des bureaux, par des fonctionnaires déconnectés des champs et des vaches, avec un discours plastifié et aseptisé, n’ayant jamais mis les bottes dans une ferme, ne sont pas juste « un sentiment de brutalisation », comme l’affirme Agnès Buzin, ou comme on connaît le sentiment d’insécurité !
Mais peut-être le plus grave, avec cette gestion, c’est qu’on touche à la terre, source de vie, nourricière, qui a une valeur sacrée dans un grand nombre de civilisations et de religions. L’homme qui vit sur cette terre a le devoir de la protéger et de la préserver : ce que l’homme moderne appelle l’écologie. Pas de pays sans paysans. Les éleveurs vivent nuit et jour avec leurs bêtes, les appellent par leurs prénoms et passent des générations à améliorer leurs qualités génétiques. On tue la terre.
« Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France », disait Sully, ministre de Henri IV en 1638, en hommage à la paysannerie qui l’a nourrie et façonnée. « Dans un monde où la terre est à la fois un enjeu écologique et l’essentiel de la subsistance, le rapport concret et quotidien de nos agriculteurs à la nature est irremplaçable », J. Marc Bastière. Histoire et civilisations : les paysans ont façonné la France.
https://www.histoire-et-civilisations.com/editorial/les-paysans-ils-ont-faconne-la-france-edito-
Avec la signature du Mercosur, qui tombe justement cette semaine, provocation ? On va liquider notre agriculture, l’industrie, la souveraineté. On va sacrifier l’agriculture la plus verte, la plus vertueuse, la plus contraignante comme monnaie d’échange ? Pour vendre des voitures ? Avec la complicité de l’UE, on tue nos agriculteurs.
On met dans nos assiettes des « cochonneries » importées sans respecter les normes imposées en France ! « Ce n’est pas l’agriculture française qui provoque les cancers, c’est tout ce qu’on importe d’ailleurs ! » Lionel Candelon, Président de la Chambre d’Agriculture du Gers.
Si nous laissons tomber nos paysans aujourd’hui, demain notre assiette sera toxique ; c’est une question de survie et de souveraineté alimentaire. « Soutenir nos agriculteurs, ce n’est pas être violent ; refuser la viande-usine, ce n’est pas être radical ; vouloir manger sain et produire chez nous, ce n’est pas un délit, c’est juste du bon sens et visiblement, ça, c’est devenu subversif », Martine Montvernay, profession gendarme. On tue la santé.
Nicolas Dupont-Aignan a été un des rares politiques à se rendre en Savoie fin juin 2025, lors des premiers cas français de cette maladie, pour soutenir les éleveurs. Depuis, il n’a pas cessé de les soutenir.
La résistance s’organise ; nous sommes à leurs côtés, car l’enjeu est vital.
Véronique ROGEZ
Vice-Présidente
Déléguée Nationale à la Santé






