En juin, il est un marronnier sur les réseaux sociaux : celui de la comparaison du bac marocain, en spécialité maths, avec les sujets français.
Mais cette épreuve n’est-elle pas un concours plus ou moins déguisé, au Maroc, alors qu’en France, le baccalauréat reste un examen de niveau et de fin de cycle ?
Ponctué d’évaluations jusqu’à l’entrée au lycée, il y a un élitisme assumé au Maroc et c’est tout à l’honneur de cette nation. Dans les spécialités mathématiques, le programme est très évolué, l’entraînement et la difficulté des exercices avec de grandes exigences de dépassement.
La passion d’Hassan II pour cette discipline, sa vision sociétale, a mené le Maroc à se doter d’enseignants de très haut niveau, souvent passés par la France, assurant ainsi, aujourd’hui, son aptitude à former des professeurs, localement, dans ses grandes écoles et universités, et des élèves sur son territoire avec un très haut niveau d’excellence et de capacité de travail.
Il est de bon ton de dire qu’autrefois en France, le bac avait un autre niveau.
En prenant de la distance, en étudiant les sujets au fil des ans, car des sites les recensent à but patrimonial, on constate que non. Soyons juste, c’est tangible.
Avant les années 2000, le bachotage, les exercices types étaient privilégiés pour un examen d’attestation de niveau qui n’avait pas vocation à classer, quand, aujourd’hui, les exercices sont plus « exotiques » et parfois alambiqués. Il s’agit indirectement de favoriser les élèves d’un niveau intellectuel plus élevé que la moyenne des élèves aptes à suivre les enseignements de ce niveau.
La reproduction de classes sociales serait alors contenue par ce biais. On est peut-être moins Polytechniciens de père en fils, de père en fille pardon, qu’entre 1850 et 1980 …
En France, un élève doué finira dans une bonne prépa et, suivant sa capacité à subir la pression, ira à l’ENS où à l’X. Polytechnique dans laquelle, rappelons- e, il y a des quotas sur les élèves étrangers et où, le Maroc, justement, est majoritairement représenté par ses élèves (41 sur 60 élèves étrangers admis en 2023 par CPGE).
Mais il y a plus médiatique que ce fait !
En avril et mai 2025, l’évaluation PISA (de l’OCDE) a eu lieu dans nos établissements, avec un esprit même « sportif », avec gamification pour motiver !
En 2022, les commentaires font état de la plus importante baisse des résultats pour la France. La Covid est passée par là mais pas seulement : La France est même qualifiée d’inégalitaire dans cette discipline.
Sur le TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study, américain) Advanced 2015, les CPGE sont en tête très loin devant les Russes, seconds, alors que sur le TIMSS « classique », Singapour devance allégrement la France qui se classe entre l’Albanie et la Géorgie …
L’apprentissage des mathématiques, la typologie des évaluations est vraiment singulière en France par rapport aux pays anglo-saxons. Les exercices PISA ne sont pas coordonnés avec l’histoire et la culture de l’enseignement des maths en France, plus conceptuel et abstrait.
Comme le classement Shanghai influence les stratégies de nos universités, nos programmes de mathématiques doivent ils se caler sur un standard mondial, comme PISA, afin de se comparer ? Le « jeu » est bien pernicieux … et nos élites, qui ont profité de ce paradoxal mode d’apprentissage différent, risquent d’en pâtir. On ne nous arrachera plus nos mathématiciens et scientifiques, si différents et singulièrement innovants, si nous nous alignons !