Pour nombre d’entre nous, la forêt est avant tout l’objet de promenades dominicales loin de préoccupations existentielles. Même face à des catastrophes de feux de forêts comme celles de 2022 dans les landes qui ont conduit à un immense nuage de fumée que nous avons durement ressenti dans le Lot, lesdits responsables politiques locaux ne retiennent rien. Même les vols de Canadair au-dessus de Saint-Céré en Septembre 2016 pour un feu de forêt difficilement circonscrit n’ont laissé aucune trace dans les mémoires des édiles locaux.
De ce constat local, on peut sans difficulté trouver une généralisation nationale. La Forêt fait l’objet de communications nombreuses, et on lui reconnaît toutes les vertus apportées par sa « multifonctionnalité » : Réservoir de biodiversité et d’habitats, second puits de carbone après la mer pour maintien de la vie sur notre planète, productrice d’une partie significative de l’oxygène de l’air sur les continents … On ne saurait où donner de la tête tant elle apparaît « à tous les coins de rue », même dans le domaine économique où l’on s’aperçoit qu’elle est un pôle de l’emploi local et qu’elle peut même conduire à une régulation de l’énergie. Bref, elle est partout et pourtant au niveau local elle n’est pas prise réellement au sérieux même par les villes qu’elle entoure.
Familier depuis plus de 60 ans de cet écosystème et engagé depuis au moins trente ans dans sa défense, je pense qu’un des sauf-conduits de ce dernier réside dans l’attachement des petits propriétaires forestiers, d’un à vingt-cinq hectares, qui représentent plus de 30 % de la surface en France. Pour ce faire il est indispensable de promouvoir ce capital humain en leur reconnaissant un rôle essentiel dans la gestion de ce patrimoine. De par leur proximité morale, pour eux c’est souvent un bien de famille avec les sentiments afférents, et économique, la petite forêt a un coût qui ne se résume pas aux seuls bénéfices d’une coupe tous les cinquante ans, ils se doivent de porter une gestion raisonnée qui puissent leur permettre de tenir un fragile équilibre financier. Or ce dernier ne se fera que si l’on tient compte de l’ensemble des services que leurs parcelles rendent à la population. Entre poumon vert de leur commune de rattachement, lieu de loisirs pour une population qui considère que la forêt appartient à tout le monde, réserve de biodiversité pour le Monde, tout cette kyrielle de services doivent trouver une juste rétribution et non un ensemble de contraintes pilotés par les administrations locales sinon le résultat est tout simplement un abandon de celles-ci comme c’est hélas actuellement souvent le cas. La conservation systématique de l’existant sans vision prospective est du goût des pseudo écologistes qui n’assumeront en rien les pandémies afférentes, incendies catastrophe sanitaires
En un mot, la petite propriété forestière doit promouvoir une écologie de responsabilité, loin des facondes des écolos de tout poil, proche du terrain peut être l’éclosion d’un aspect d’une « écologie de bon sens »
Philippe BAYARD
Secrétaire Départemental du LOT