Le marché téléphonique national est en bon ordre avec une distribution des rôles à peu près immuable depuis longtemps : quatre grands opérateurs qu’il n’est pas nécessaire de renommer ici, des MVNO (opérateurs virtuels) qui reposent sur l’infrastructure terrestre de ces acteurs précédents avec des offres alternatives (entre autres pour les zones blanches).
Les cartes risquent d’être rebattues avec l’arrivée de Starlink, la constellation des satellites d’Elon Musk qui dote, la planète, d’un réseau aérien total alternatif à la fibre et à la 4G/5G/6G.
Côté privé en Europe et en soutien public par la Commission européenne, OneWeb et la constellation IRIS2, sur ces mêmes technologies, sont loin derrière l’avancée de Starlink qui utilise les lanceurs de SpaceX (OneWeb a utilisé ce lanceur en 2024 …).
Avant l’extension du « Direct-To-Cell » visé, si les mobiles des grandes marques américaines et asiatiques offrent une connexion, au déballage de l’appareil à ce mode satellitaire, le filaire terrestre, la fibre, risquent de devenir obsolètes.
De futurs iPhones pourraient intégrer la connexion à Starlink, des services peu chers, peut-être gratuits même, activés dès l’achat. Les régulateurs locaux devront alors trancher, le cas échéant, ce cas concurrentiel. Quant au smartphone de Tesla, sa sortie est incertaine.
Elon Musk faisait en septembre 2025 l’acquisition d’une fréquence propre devenant, de facto, un opérateur mobile US. Si la FCC (autorité fédérale sur les télécommunications des Etats-Unis) a laissé faire cet achat, les régulateurs français et européens sont-ils prêts à donner une fréquence à cet acteur ? Oui.
Le CFE-CGC Télécoms (dont CFE-CGC Orange) a adressé un courrier à l’ARCEP pour retrait de la fréquence allouée à Amazon Kuiper (nommé maintenant Amazon leo, challenger de ce mode d’accès internet satellitaire) entre autres pour défaut de saisie de l’Autorité de la concurrence. Starlink avait déjà des autorisations de l’ARCEP (depuis 2022, confirmé en 2025).
Les compagnies aériennes consomment bien entendu ces services : Air France, comme beaucoup de compagnies, utilise Starlink pour le Wi-Fi lors de ses vols.
Comme dans l’ensemble des grands sujets industriels et techniques, l’Union européenne, les nations la constituant, écrasées par sa gouvernance, ramassent les miettes ou rentrent dans un modèle de soumission faisant, de la France et des pays de l’union, une terre de consommation de services « socles » américains.
Le risque ici ?
Un consortium sous la houlette de la commission (IRIS2 cité plus haut) pourrait, comme bien d’autres sujets, rejoindre le cimetière des programmes de l’Union. Pensons par là à GAIA-X pour le Cloud, bien moribond et archétype même de ces échecs multiculturels intra-européens.
Avoir des sociétés privées extra européennes qui peuvent déconnecter à tout moment des millions de foyers et des sociétés ? Il est de la responsabilité des états d’avoir leurs propres infrastructures comme « autrefois ».
En juillet 2025, les troupes ukrainiennes utilisant les infrastructures Starlink ont été pénalisées pendant quelques heures par une coupure centrale du service.
Seule une sensibilisation culturelle de masse fera prendre conscience aux consommateurs qu’il faut sauver nos industries et nos services : leur résistance, leurs réels choix éclairés sauveraient ou propulseraient nos acteurs nationaux comme leaders locaux.
Les Chinois visent aussi à avoir leur constellation et ils en ont les moyens. Pour raison politique, si on laisse « passer » les voitures électriques chinoises, il en est autre de services vitaux qui impactent des réseaux liés, de près ou de loin, avec le militaire ou à l’ordre intérieur d’une nation, de l’Union Européenne.
Lors d’un achat d’un service (une voiture, un forfait téléphonique, un fournisseur d’énergie) le critère « patriotique » devrait être omniprésent et d’ailleurs promu dans les médias.
Seule la masse des consommateurs avertis et militants pourrait renverser des montagnes et contrecarrer notre chute vers notre statut de … colonie numérique …






