S’il fallait une nouvelle preuve de la fausse alternance que l’on va encore tenter de servir aux Françaises et aux Français en 2012, la voici : c’est la mauvaise fable de la dette.

Voici Nicolas Sarkozy, Martine Aubry, François Hollande tous d’accord : la dette est insupportable, il faut de la rigueur !

Nicolas Sarkozy veut inscrire la “règle d’or” dans la constitution : mais elle existe déjà dans le traité de Maastricht, et faut-il rappeler au Président de la République que les traités priment sur toute disposition nationale ? Cela n’empêche pas cette règle d’or d’être violée sans état d’âme lorsqu’il s’agit de renflouer les banques, ou de voter des plans “d’aide” à la Grèce, qui ne font que l’enfoncer un peu plus dans la récession économique !

Les socialistes, oppositionnels en peau de lapin, en rajoutent : avec eux, il y aura de la vraie rigueur ! S’ils ne veulent pas voter la “règle d’or” pour l’après 2012, c’est qu’ils la veulent pour tout de suite, et pour ne pas montrer un peu plus aux Françaises et aux Français qu’en fait, ils sont bien d’accord avec l’UMP. Ils peuvent nous faire eux aussi de la démagogie sur la sécurité ou sur l’Education : mais comment vont-ils donc financer les efforts dans ces domaines en prônant eux aussi l’austérité ?

On fait peur aux citoyens : 80% du P.I.B. ! Les bébés qui naissent sont endettés jusqu’au cou ! On nous prend en réalité pour des imbéciles : aucun ménage ne compte son endettement sur ses revenus d’une année. Dira t-on d’une famille qui gagne 50.000 € par an et qui emprunte 150.000 € sur vingt ans pour financer son logement qu’elle est endettée à 150 % ?

En 1950, l’endettement public américain était de 350% du P.I.B. ! Qui s’en souciait ? Personne, puisque nous étions dans la phase de croissance économique des “trente glorieuses”.

Voilà bien le problème, dont aucun des naufrageurs de la France ne nous parle : la dette ne devient préoccupante que parce qu’elle remplit un tonneau sans fond, celui d’une économie qui ne crée plus suffisamment de richesse pour permettre aux citoyens de voir leur niveau de vie progresser. Les américains ont eu recours au crédit immobilier massif pour compenser le chômage et la compression des salaires : les banques ont fait faillite, car les américains n’ont plus été en mesure de faire face aux remboursements.

En France, ce sont les crédits publics qui sont utilisés depuis vingt ans pour compenser (si peu !) le recul du niveau de vie et surtout pour renflouer les banques. Et bien entendu, dans cette spirale de l’échec, c’est la faillite de l’Etat qui est à l’horizon, car l’économie atone ne génère plus de recettes !

Mais qui est responsable de cette impasse ? Les mêmes docteurs Folamour de l’UMP et du PS qui veulent maintenant traiter l’anémie par la saignée !

Comme toute entreprise en difficulté, l’entreprise France doit réinvestir pour relancer la machine économique. Mais comment cela serait-il possible en continuant à accepter le libre-échange déloyal, les délocalisations industrielles, le dumping social, cette logique infernale dont les dirigeants politiques de l’UMP et du PS ne veulent pas sortir ? Ils ne sont plus au service de la France et des Français, au service de l’Etat, mais au service de la finance et des multinationales qui sont les seules à profiter de la “mondialisation”. Ils ont organisé la récession économique et ils veulent maintenant l’aggraver encore, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, en France !

 

Notre pays, comme les autres pays d’Europe, doit retrouver sa marge de manœuvre pour repartir du bon pied. Il doit redevenir maître de sa monnaie, pouvoir dévaluer si nécessaire, rétablir une protection économique raisonnable face à la concurrence déloyale des pays comme la Chine.

Le déficit ? Mais il pourrait alors être parfaitement maîtrisé si on faisait appel à l’épargne des Français, investir dans l’économie réelle et productive, comme on aurait du le faire pour le “grand emprunt” au lieu de faire appel aux fonds privés !

Qui nous dit que le montant total des assurances-vie en France soit égal au montant de la dette publique ? Il suffirait de convertir une partie de cette épargne en bons du trésor garantis au lieu de la laisser s’évader dans les fonds spéculatifs et les paradis fiscaux pour le plus grand profit des banques… qui appellent ensuite au secours !

Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, comme ceux qui voudraient nous gouverner demain n’agissent plus dans notre intérêt, mais dans celui de la finance internationale qui veut continuer à rendre les Etats esclaves d’une dette éternelle. En 2012, changeons de cap !

François MORVAN Vice-président de DLR