Conseil national de Debout la République

CONSEIL NATIONAL DE DEBOUT LA REPUBLIQUE

SAMEDI 14 JUIN 2014

DISCOURS DE NICOLAS DUPONT-AIGNAN

Au lendemain des élections européennes, nous pouvons être fiers de notre mouvement. Les résultats sont très positifs car dans 12 départements nous dépassons le Front de Gauche et partout en France, dans certaines zones rurales, notamment nous franchissons la barre des 10%. Enfin toutes les régions font l’objet d’un remboursement. Ce résultat plus qu’honorable a été obtenu grâce à la qualité de nos candidats, leur énergie, leur idéal.

N’oublions pas non plus l’incroyable travail de nos militants qui ont fait campagne pendant 6 mois. Car oui, nous avons été les seuls à porter sur le terrain pendant de longs mois un projet pour l’Europe et la France. Curieuse idée de vouloir parler d’Europe aux élections européennes. Pendant des semaines, on nous a expliqué que c’était trop tôt, puis on nous a dit que cela n’intéressait pas les Français. Enfin, on nous a avertis qu’il ne restait que quelques jours et qu’il était dommage que cette campagne ne prenne pas.

Terrible constat d’un pays vidé de sa démocratie par une superficialité ambiante désastreuse. En vérité, tant le PS que l’UMP, ne voulaient pas aborder la question européenne car parler de l’Europe, c’était obligatoirement avouer leur double langage permanent. D’un côté de grands discours sur leur capacité à peser en Europe, de l’autre une capitulation en rase campagne face aux instances communautaires. Après le référendum de 2005, ils ont bafoué le peuple français ensemble et craignent par-dessus tout l’opinion des Français sur cette question. Leur lamentation sur le niveau de l’abstention le soir du scrutin est un record d’hypocrisie. Nous avons dû aussi faire face à la dictature des sondages qui nous ont considérablement pénalisé.

Les instituts de sondage (à l’exception d’IPSOS et Opinionway) nous ont systématiquement sous-évalué, au point même que l’IFOP dans le Figaro donnait 0,5% des suffrages à Laure Ferrari dans la grande région Est pour un résultat de 4,20%.

Les marges d’erreur ne sont jamais mentionnés les articles et il est évident que beaucoup de Français n’osent pas voter pour des listes qui sont ainsi rabaissées dans l’imaginaire collectif. Mais le travail de terrain, la force des convictions, la multiplication des déplacements ont eu raison de ces obstacles et nous ont permis d’installer définitivement notre mouvement dans le paysage politique. Notre responsabilité est d’autant plus grande que celui-ci révèle la crise économique, sociale et politique que traverse la France. Le FN a fait un score important mais son nombre de voix reste inférieur à celui de la présidentielle (4,8 millions contre 6,5 millions).

L’abstention est le premier parti de France et c’est en direction de ces dizaines de millions de Français qui ne se reconnaissent pas dans l’offre politique actuelle que nous allons travailler. Ils ne veulent plus du système qui nous gouverne depuis 20 ans. Ils ne veulent pas pour autant des extrêmes et de l’ambiguïté permanente qui règne dans la famille Le Pen. Ils aiment la Nation mais ne veulent pas le nationalisme. Ils veulent l’ordre mais refusent l’autoritarisme. Ils aspirent à plus de justice mais n’en peuvent plus de l’assistanat.

Ils veulent travailler avec nos voisins européens mais ne supportent plus la soumission de la France à Bruxelles. Ils sont ouverts au monde mais ne veulent pas voir leur culture et leurs traditions, en un mot, leur identité disparaître. Voilà pourquoi notre projet politique, ce « patriotisme » « éclairé », « serein », « rassembleur », correspond totalement à l’attente de nos compatriotes. Combien de rencontres dans toute la France où l’on m’a apostrophé pour me dire : « on est tellement d’accord avec vous mais vous êtes encore trop récent pour que l’on vote pour vous ».

Cela veut bien dire que nous sommes sur la bonne voie car désormais nous avons la capacité de les convaincre de voter pour nous. Nous ne sommes pas encore un géant politique mais nous ne sommes plus un petit parti. Nous représentons la seule force crédible capable de redonner à la France son indépendance tout en s’appuyant sur tous les Français. Je dis bien tous les Français d’où qu’ils viennent. Nous correspondons d’autant plus au besoin des Français que les deux forces traditionnelles du système sont bien malades. Le même mal les ronge : l’oubli de ce qu’ils sont, de leur rôle et des Français qui leur ont fait confiance.

Le PS a oublié le peuple et il n’est que l’instrument de domination de l’oligarchie financière sur les classes populaires. L’UMP a oublié la Nation et a cru remplacer par l’argent l’affection des Français. Non contente d’avoir commise l’erreur historique de fusionner les gaullistes et les centristes, la nouvelle direction de l’UMP commet un second contresens impardonnable, celui d’oublier le peuple de droite, le peuple tout court, pour se réfugier dans le cocon centriste européiste et conformiste de la pensée unique.

Alors oui, mes amis, nous devons ouvrir les bras à toutes celles et tous ceux qui à l’UMP sont encore attachés à la France, à l’effort, à l’ordre, au mérite, à la justice sociale. Oui, mes amis, nous devons aussi tendre la main à nos concitoyens qui ont cru que le FN avait définitivement changé. Jamais nous n’avons autant reçu de nouvelles adhésions d’UMP et même d’électeurs de gauche profondément attachés à la République et à la Nation. Voilà pourquoi il me paraît indispensable de faire franchir à notre mouvement une nouvelle étape de son existence.

Club de réflexion au sein du RPR, puis de l’UMP entre 1999 et 2007, parti politique à part entière depuis 2007, je vous propose, comme tous les mouvements gaullistes l’ont fait au cours de leur histoire, d’avoir le courage lors d’un congrès extraordinaire qui pourrait avoir lieu fin septembre, de transformer notre parti en un grand rassemblement populaire qui changera de nom. Je propose à cet égard que nous gardions le visage de la République de Delacroix comme emblème de notre futur rassemblement, assorti du slogan « Ni système, ni extrêmes » qui explique bien qui nous sommes et ce que nous voulons. Il va de soi que ce sont aux adhérents, par un vote, de décider de cette mutation mais il est de ma responsabilité de Président de leur dire que le moment est venu d’ouvrir les bras à toutes celles et tous ceux qui voudront nous rejoindre et symboliquement d’incarner notre mission qui est de rendre aux Français la maîtrise de leur destin pour pouvoir enfin résoudre leurs problèmes.

Ce nouveau rassemblement aura pour ambition de présenter des candidats à toutes les élections. Nous commencerons dès le 28 septembre en étant présents aux élections sénatoriales pour défendre l’idéal républicain de la commune et du département. Nous porterons l’étendard aussi aux régionales, puis aux échéances suivantes. Au mois de septembre, je serais en mesure de vous proposer un organigramme renouvelé afin de mieux nous préparer.

Mes chers amis, mes chers compagnons, mes chers camarades, L’heure est grave car le pays s’effondre et les Français écartés des principaux choix depuis 20 ans se désintéressent apparemment de la chose publique. Dans notre histoire, ces passages à vide furent fréquents et douloureux. A chaque fois, des femmes et des hommes libres se sont levés et ont repris le flambeau. Leur mission paraissait impossible car tous ceux qui avaient échoué et trahi la cause du peuple se complaisaient dans leur malheur.

Rien n’a changé. La France a des atouts. Il lui faut maintenant réagir, se relever, fournir des efforts, retrouver sa liberté, reconstruire son Etat incarnation de l’intérêt général, relancer son économie, redécouvrir ses valeurs universelles et enfin s’adresser au monde.

Voilà notre tâche.